De Puerto Natales à Puerto Williams




Dernier jour, en guise de résumé
En chemin vers l'est dans le Canal Beagle depuis la caleta Olla ce 28 Janvier, 64ième et dernier jour depuis Puerto Montt. Quelques grains, quelques rayons de soleil, quelques montagnes enneigées de frais, quelques rafales, quelques centollas entrées cette nuit dans le casier, quelques apparitions très proches d'une baleine, quelques manchots égarés, des albatros heureux de jouer avec le vent. Plein vent arrière, la grand-voile restera aujourd'hui dans le lazy-bag. 20 noeuds (trinquette et solent en ciseaux) ou 25 (solent) ou 30 (trinquette) ou même 35-40 (trinquette demi-roulée). Alors Caleta Létier ou Puerto Williams direct ? Finalement, vu que le temps ne nous permettrait pas grand chose comme activité de plein air  on continue vers Puerto Williams pour tracer le dernier point rouge et le dernier trait vert sur la carte affichée sur la porte des toilettes.


On est quand même un peu fier de nous même si l'arrivée au Micalvi encombré d'une vingtaine de bateaux sur trois rangées à couple a été complètement foirée avec raguages et engueulades.

Pendant ces deux mois, tout s'est bien passé, le bateau et l'équipage n'ont pas souffert du tout physiquement des éléments, peut-être un peu psychologiquement (pas le bateau) pour cause de météo qu'on savait venteuse mais qu'on n'avait pas imaginée aussi humide et surtout nuageuse. Plein de moments inoubliables (Bahia TicToc,
Seno Iceberg, Puerto Eden, Caleta Amalia, Magellan, Gordon...) et quelques frustrations qu'on aura vite oubliées. Et surtout 63 bonnes nuits alors qu'on en imaginait de nombreuses à avoir peur de déraper ou de casser un boute. Aude et Sébastien sont repartis. Maintenant va falloir crapahuter nous-mêmes pour mettre les boutes mais finalement, ça n'a jamais été scabreux.


Quelques photos

Toutes les photos de la seconde partie : https://photos.app.goo.gl/g7LF9CRyD2pvwD6w5

Au jour le jour

J48, Puerto,Natales -> Caleta Mousse
Nous sommes repartis de Puerto Natales ce matin, après une petite semaine de micro-climat presque chaud et presque sec. On a repris la route des canaux et la routine des semaines précédentes un tiers à la voile, deux tiers au moteur, une demi-heure de quart chacun, un lever très tôt à 5h30, et une arrivée pour la sieste dans la Caleta Mousse dont on a compris le nom en voyant les abords moussus (et glissants) à foison. Très jolie navigation dans l'angostura White avec plein de courant avec nous, on aurait dit une rivière. Nous sommes quatre pour cette seconde partie avec le Sébastien d'Aude, l'installation des quatre boutes est désormais une rigolade et à nous les coinches. Bisdorionde.

J49, Caleta Mousse -> Caleta Victoria
On a retrouvé les fondamentaux de la croisière en Patagonie : hier en fin d'aprem, jolie balade sur la lande spongieuse pour monter sur le promontoire d'où on pourra photographier encore et encore le bateau, ce matin relevage du casier à centollas avec cette fois une vraie dedans (mais trop petite pour être cuite), matinée en zigzags dans les canaux sous un plafond bas et de temps en temps crevé. On repasse par le travers de l'estero Las Montanas, très joliment bordé de glaciers et de montagnes mais qui ne nous aura pas souri ni à l'aller ni au retour. On débouche dans le canal Union pour retrouver vingt, puis trente noeuds dans le pif mais heureusement on retrouve aussi des frères d'infortune, Elora et Kobaia, qui ont dormi à l'ile Jaime et sont de l'autre côté du canal. Et donc toute l'après-midi à tirer des bords presque carrés à cause du courant, à mettre et démettre le troisième ris, à s'aider du moteur pour virer ou pour "caper". Et à 16h30 on est amarré à trois bateaux, deux ancres, huit boutes et quinze cirés. Ce soir apéro collectif pour se requinquer. Bisdorionde.

J50, Caleta Victoria -> Caleta Dardé
On a retrouvé les copains de bateau, Elora et Kobaia. Après une soirée bien arrosée et une nuit très courte pour certains, balade à terre avec plutôt beau temps. Les pêcheurs qui ont aussi passé la nuit là regardent avec bienveillance nos nasses à centolla, et en fin de matinée ils reviennent d'une séance de plongée en nous ramenant 4 seaux pleins de centollas qu'ils viennent d'attrapper. Vraiment sympa ces pêcheurs de la Patagonie. L'après-midi navigation assez tranquille, plutôt beau temps et des belles éclaircies, avec aussi quelques averses de grêle, mais temps bien agréable pour ici. Mouillage à nouveau à trois bateaux dans une très jolie baie. Et ce soir centollas à la mayonnaise maison. Bisdorionde.

J51, Caleta Dardé
Standby dans la Caleta Dardé, le vent est trop Sud et trop fort aujourd'hui. Belle balade cette après-midi, bon apéro en perpective ce soir. Demain on avance un petit peu vers le sud pour se positionner près de l'entrée du Détroit de Magellan mais après-demain, si on en croit les prévisions, on n'avancera pas du tout. Bisdorionde.

J52, Caleta Dardé -> Caleta Teokita
Navigation de 15 milles tranquille au portant pour arriver dans la Caleta Teokita (joli nom hein ?). Temps patagonien, vous connaissez maintenant. On a fait plein de photos d'Elora et de Kobaia... quand ils nous doublent (c'est ralant mais normal, ils font deux mètres de plus que nous). L'endroit du mouillage est agréable, entrée étroite, et on est toujours à 3 bateaux. Un moyen emmerd ce jour, on a crevé l'annexe en raison des moules qui foisonnent sur les rives et qu'on peut même pas manger pour cause d'intoxication ("marea roja" disent-ils) peu probable mais mortelle donc pas pour nous ! Réparation faite (photo à l'appui), on verra demain si ça tient. On est au bord du Détroit de Magellan, mais on va rester planqué jusqu'à Dimanche. Tout va bien, on est en bonne compagnie, il y a des balades à faire et il reste du pisco. Bisdorionde.

J53, Caleta Teokita
Standby dans la caleta Teokita ce samedi. On est  monté sur la colline, on y tenait à peine debout et on voyait au loin l'entrée du Détroit de Magellan, bien blanc. Bisdorionde.

J54, Caleta Teokita, encore
Standby dans la caleta Teokita ce samedi. On est même pas remonté sur la colline, vue la pluie battante et interrompue. On restera aussi demain dimanche... mais Lundi c'est sûr sera un autre jour. Bisdorionde.

J55, Caleta Teokita, toujours
Encore Teokita, pour cause de vent encore fort. Encore une balade sur la lande encore plus spongieuse. Encore un apéro bouffatoire collectif et sympathique. Bisdorionde.

J56, Caleta Teokita -> Caleta Notch
Ca y est on est entré dans Magellan ....!! Et on n'a rien vu : pas de houle malgré les 4 mètres de creux décrits hier à la météo, pluie fine, visibilité même pas 500 m.... Mais bon on est bien dedans, promis juré craché. Belle nav au portant avec 15-25 noeuds de vent, encore une fois qu'est-ce qu'on est contents de faire les canaux dans ce sens là ! Mouillage dans la jolie caleta de Notch, avec une éclaircie qui nous permet de l'apprécier d'autant plus. Et on en repartira dés demain matin, faut bien rattraper le temps perdu. Bisdorionde.

J57, Caleta Notch -> Caleta Murray
Belle navigation avec beaucoup de compagnie, voiliers copains bien sûr mais aussi cargos, pétroliers, pêcheurs, etc ... Et en plus on a eu la chance de voir une baleine, d'assez près, toute seule mais qui nous a bien montré toutes ses facettes, y compris sa queue ! Et aussi plein d'oiseaux, des pinguins, des otaries. Et encore du soleil quasi toute l'après-midi, on n'en revenait pas. On arrive un peu tard au mouillage mais c'est pas grave. Et un magnifique ballet de dauphins sauteurs nous accompagne jusqu'au fond de la baie. Pas de boute ce soir, que l'ancre et que nous dans la caleta Murray. Bisdorionde.

J58, Caleta Murray -> Puerto Atracadero
Des milles, soixante milles, par temps calme et clair et même ensoleillé parfois, voile et moteur as usual. On est sorti du détroit de Magellan, on est rentré dans le Canal Pedro qui devient le Canal Acwalisnan (qui c'est ?) qui rejoint le redouté Canal Cockburn ouvert à l'ouest qui aujourd'hui était encore bien houleux mais sans rides. Et au sud de ce Canal, c'est la grande ile de la Terre de Feu qui commence. On y a laissé à gauche le Canal Occasion pour embouquer le Canal Brecknock entouré de montagnes minérales arrondies par le vent avec juste quelques arbres dans les trous abrités. Et au bout du Canal Brecknock, il y a Puerto Atracadero, notre refuge du jour. Atracadero, débarcadère en espagnol, un repaire de pêcheurs... en saison et ce n'est pas la saison, on est tout seuls. On laisse de côté plein de caletas et de montagnes et de canaux aussi jolis et attirants les uns que les autres mais en deux mois, on ne peut décidemment pas tout faire. Il en faut six au moins pour profiter de cette Patagonie, mauvaise programmation. Bisdorionde.

J59, Puerto Atracadero -> Caleta Lagunas
Journée de nav tranquille, essentiellement au moteur, et avec pas mal de soleil, bien plus que l'on n'aurait cru ce matin. On a même pu déjeuner dehors ! ça fait longtemps que ça ne nous était pas arrivé... Une otarie suiveuse et joueuse, mais pas d'autres animaux. Belle petite baie pour le mouillage, offrant des plaisirs de balades et de pêche dans un lac. On s'approche du canal Beagle et des glaciers de la cordillera Darwin, et on espère bien en profiter malgré les caprices du temps. Bisdorionde.

 J60, Caleta Lagunas -> Caleta Scherzo
Nous avons démêlé notre toile de boutes bien tôt ce matin pour partir de la caleta Lagunas. Toujours quatre boutes, c'est la règle pour bien dormir même si la météo est calme. Une vingtcinquaine de milles plus loin, nous entrons dans le Canal Beagle, il reste 100 milles pour Ushuaia et Puerto Williams. Un beau voyage se termine, un autre commence. On va passer deux mois à parcourir ce Beagle avec les uns puis avec les autres et on espère bien y profiter ensemble des glaciers, des montagnes, des balades, des mouillages, des centollas et bien sûr du Horn. Chaque chose en son temps. Aujourd'hui nous sommes dans le Seno Garibaldi (pas la peine de chercher, le "vrai" Garibaldi n'est jamais venu ici), un fjord taillé dans la montagne qui remonte au nord sur 20km. Et au bout du fjord, le Mont Darwin à 2400 mètres, des glaciers suspendus à gauche et à droite et surtout un grand glacier qui tombe dans l'eau avec ses cinquante (cent ?) mètres de hauteur. On zigzague entre les glaçons qui tombent avec un bruit beaucoup plus impressionnant que les bouts de glace qui en résultent. Cette fois on en met un de trente kilos sur le pont pour les caïpirinhas à venir et comme d'hab on s'amarre au plus gros pour déjeuner. Retour de quelques milles en arrière et on s'installe dans la Caleta Scherzo (encore un nom inventé par un yachtie, pas par un chilien), minuscule, impossible d'y mettre un second bateau. Les arbres sont rares mais ça va on tient de tous les côtés. Bisdorionde.

J61, Caleta Scherzo -> Caleta Beaulieu
Partis de la caleta Scherzo à 8h00, après avoir remonté la nasse à centollas, pleine !!!!  Partis en mode presto subito, vu que le vent s'est levé et que le clapot rentrait. On enlève les cinq boutes à la volée, Aude est toujours aussi agile, et c'était cool d'avoir mis 60 mètres de chaine pour se sortir de la caleta au guindeau. On déboule le Seno Garibaldi avec un demi-foc et nous voilà 4 heures plus tard dans la caleta Beaulieu du Seno Pia avec une magnifique vue sur un autre glacier et un autre Mont Darwin ? En fait il y en deux de Mont Darwin, vu que ceux qui ont nommé le second ignoraient que le premier avait reçu ce nom en l'honneur des vingt-cinq ans de Charles. Changement radical de type de croisière, il y a trois autres bateaux au mouillage, ce qui fait, avec les deux croisés ce matin, plus de voiliers en une matinée que ce qu'on a jamis vu depuis Puerto Montt. Belle balade à terre l'après-midi. Bisdorionde.

J62, Caleta Beaulieu
Journée grise et pluvieuse et un peu morose, un peu de bricolage et un peu de nettoyage. On est resté au même endroit, devant le glacier avec le mont Darwin derrière, qui ne s'est pas découvert d'un poil. Petite balade quand même pour les jeunes, petit scrabble quand même pour les autres jeunes, menu provençal avec pissaladière et ratatouille pour repeindre le ciel. Il parait qu'à Puerto Williams on (radio-ponton ?) dit qu'il s'agit d'un été pourri, les randos de plusieurs jours sont difficiles à organiser. Demain on progressera un peu dans le Beagle, fin de partie dans trois jours. Bisdorionde.

J63, Caleta Beaulieu -> Caleta Olla
Excellente journée qui commence avec un petit-déjeuner devant le glacier Est du Seno Pia. Puis on enquille le Beagle sur 20 milles avec des paysages grandioses sur les glaciers au Nord (glaciers Frances, Italia, Alemana, Holandia). Ces glaciers qui se jettent directement dans le Beagle provoquent de violentes rafales, dites rafales qui nous font avancer à plus de 7 noeuds au bon plein sous solent réduit seul... Mouillage bien large et tranquille dans la Caleta Olla, avec deux autres voiliers pour compagnie. Belle balade à terre l'après-midi pour aller voir le glacier Holandia et son lac de déversement. Au retour on a droit à un superbe vol de plusieurs condors, qui se montrent de pas trop loin, et on échappe de peu à la bonne douche du grain qui arrive dans le canal Beagle. Excellente journée qui se termine avec un boeuf bourguignon, la viande de Puerto Natales s'est magnifiquement conservée sous vide. Bisdorionde.

J64 et dernier, Caleta Olla -> Puerto Williams
voir au début.