Ahé et ses 500 habitants
Ce sera notre premier atoll des Tuamotus. On est entré dans la passe avec tout contre nous (vent et courant), mais on a réussi même si on n'avançait plus qu'à un noeud à peine en fin de passe. Et quelle récompense une fois dans le lagon, le calme de la surface de la mer, et les couleurs magnifiques, encore plus beau que ce que laissent imaginer les cartes postales !
Mouillage juste derrière des patates de corail (qui nous permettront un beau snorkeling), devant le petit motu de Moitessier. Il y a un seul autre voilier (de Francis) avec à son bord Clémence, Emmanuelle et Jules Errard qui voyagent depuis un moment, un peu comme des ambassadeurs d'un éco-tourisme à la portée de tous (voir leur site web). Nous offrirons les pamplemousses emmenés des Marquises (de l'île de Ua Pou) à Oscar, l'ami de Francis.
Nous sommes surpris par les vélos à 3 roues, tout le monde s'en sert, il y en a beaucoup, et c'est bien plus agréable que les quelques scooters des jeunes oisifs de l'atoll qui nous feraient presque de la pollution sonore.... Nous assisterons aussi à une répétition de chant pour le heiva de Juillet, chef de coeur performant et bien sympathique.
Il y a des jolis motus au sud de l'atoll, sur lesquels nous irons nous balader à pied, avec de très belles cocoteraies, et les traces des différentes étapes de l'exploitation du coprah (voir photos). Tous ces motus font une très bonne protection au mouillage en cas de fort vent de maramu.
Tikehau et ses 500 habitants aussi
Avec son petit port bien protégé, Tikehau sera notre deuxième atoll des Tuamotus. Il est de taille raisonnable, environ 12 milles dans son plus grand diamètre, la passe d'entrée orientée plein Ouest y est facile.
On y louera des vélos pour une journée, ce qui nous permettra plusieurs balades, agrémentées d'une marche sur le platier aux couleurs magnifiques (voir photo). Une longue balade sur le motu vers l'Ouest (en direction de l'aéroport), avec une baignade au milieu de nulle part après avoir traversé plusieurs hoas (un hoa est un chenal entre deux motus). On ramasse beaucoup de trésors de mer, dont coquillages (cipraia), coraux blancs (pour la déco de Yves), et épines d'oursins crayons (violettes ici alors qu'elles étaient vertes aux Marquises).
A la poste de Tikehau, l'Internet marche pas si mal, c'est une bonne surprise.
Nous ferons deux plongées dans la passe, et Pascale fera son baptême de plongée. C'était avec avec Tikehau plongée, ambiance très sympa, et cerise sur le gateau, grâce au bon oeil de Jean-Claude on verra des baleines d'assez près, en train de se prélasser devant la passe.
Orionde nous emmène jusqu'au village d'Eden, où deux familles (dont celle avec Jacob) vivent un retour à la nature
- religieux (secte dirigée par un taïwanais), le panneau d'accueil est écrit en français et en Taïwanais
- efficace (tout pousse grâce au compost naturel, un peu comme de la permaculture), il y a des figues bien mûres, des tomates et des haricots verts, ainsi que de la vanille, on y achètera une très belle salade. Ils ont donc eux réussi le rêve de Moitessier .... mais à quel prix ? ..... leur vie semble très austère.....
- et extrémiste dans ses dogmes avec un non franc et massif (mais pour le moins surprenant ) à la science et à la technologie,
Stop de 24 heures à l'Ile aux Oiseaux : ils sont très très nombreux, surtout le matin, les moyens noirs à tête blanche, les petits blancs qui ressemblent aux sternes, les grands fous à bec bleu et pattes rouges, sans oublier les courlis de l’Alaska, couleur marron chamarré avec un long bec courbe qui nous font des pirouitt pirouitt à tout bout de chant.
Et pour finir, on profite bien du dernier mouillage juste avant la passe, avec une belle rencontre avec la famille d'Hélène, originaire de Maupiti, ancienne maire (ou femme de maire du village principal de l'atoll, Tehurahura). Hélène nous présente son amant, elle a cinq enfants, dont un fils présent ce jour là très bon pêcheur. Chaque semaine ils envoient environ 600 kg de poissons directement par avion pour le marché de Papeete, la récolte de ces poissons provenant essentiellement de leurs pièges à poissons.
Toau et sa trentaine d'habitants ...
Cet atoll est situé à 135 milles dans le Sud-est de Tikehau, nous ferons un peu plus de 200 milles pour y arriver, avec du vent bien dans le nez pour les derniers milles depuis Apataki où nous ne nous arrêterons pas car nous passerons devant de nuit. En plus on a rendez-vous avec Ivitu (Lionel) à l'anse Amyot. Il s'agit d'une échancrure dans la barrière du récif qui est "unique" aux Tuamotus et constitue un très bon abri pour les voiliers. On y passera cinq jours dans cette petite baie bien agréable avec Ivitu et Tekao Noa, cette famille avec trois enfants en année sabbatique en Polynésie, et qui a décidé de naviguer de conserve avec Lionel jusqu’aux Marquises . Nous y ferons aussi la rencontre du voilier Isatis (acheté aux Lescure) avec à son bord Jean-Pierre et Janine, qui viennent à plus de 70 ans de passer deux ans en Patagonie et Antarctique, et aussi de revenir dans le Pacifique par le passage du Nord-Ouest, respect donc !
Le contact est mitigé pour nous avec Valentine, qui se targue d'être passée de nombreuses fois à Thalassa, elle joue la râleuse de service contre les touristes que nous sommes bien qu'ils constituent tout de même son choix de vie en tant que gagne-pain quotidien. Le contact sera meilleur avec Gaston, il est plus simple. Nous ferons un repas d'anniversaire de Yves chez eux, un peu chérot, mais avec du crabe de cocotier, on n'en a pas mangé depuis plus de 35 ans (la dernière fois c'était aux îles Chagos). Mais on aura droit aux chants polynésiens accompagnés du ukulélé, et le joueur de ukulélé est tellement bon musicien qu'il arrive même à accompagner Max et sa guitare dans les chants français bien de chez nous.
Le snorkeling est beau, avec plein de patates près des corps morts, et des poissons à admirer aussi dans leurs pièges à poisson. On fera aussi plusieurs balades sur le platier au nord de la baie, sympas et souvent accompagnés par les chiens de l'île.
Yves et Lionel ramèneront plusieurs fois de la bonne pêche sous-marine, du mérou, des perroquets surtout et de la carangue. On les dégustera à bord ou à terre au barbecue. Une fois Yves s'est fait "voler" un perroquet par un requin, qui a même essayé de l'intimider, heureusement cela n'a pas duré, mais ce n'était pas bien agréable....
Par la passe Otugi, réputée difficile, très calme le jour de notre entrée (moins calme le jour de notre sortie), nous rejoignons le mouillage à l'intérieur du lagon, au Sud- Sud-est de Toau, au motu Otohorau. Nous sommes toujours avec Ivitu et Tekao Noa, c'est Lionel qui nous a conseillé ce mouillage. L'endroit est magnifique, c'est juste avant le motu Mako Mako, conseillé dans tous les blogs anglophones, il y a de très belles plages. Le snorkeling n'est pas très intéressant dans cet endroit du lagon. Nous ferons quelques promenades sur les motus et dans les hoas, il y a pas mal d'oiseaux du type sterne blanc.
La nuit pêche à la langouste pour certains, pas faciles à repérer ni à attraper, et Lionel montrera à tous comment il sait facilement pêcher le requin, il faut le choisir assez jeune, et lui enlever rapidement la peau. Agrémenté de lait de coco et d'épices, c'est pas mauvais du tout, sa chair est bien ferme. Nous ferons plusieurs pic-nic sympas sur la plage avec Ivitu et Tekao Noa.
Et nous rencontrerons la famille de Loveina et Kin, avec leurs deux filsToku et Jece. Ils vivent du coprah et de la pêche à l’holothurie. Kin est un cousin de Valentine de l'anse Amyott, et Loveina vient de Hao. Ils ont deux autres enfants qui sont en internat au collège ou lycée à Papeete. Avec Kin et Toku certains vont en fin de journée à la chasse aux crabes de cocotier sur le motu de Mako Mako, pendant que les filles font une partie de scrabble sur Orionde avec Loveina. lls ramèneront beaucoup de crabes en peu de temps, bravo aux chasseurs. Le jeudi 21 septembre on dégustera tout ça à la maison de Kin et Loveina, qui avaient aussi préparé du coeur de cocotier excellent. Il y avait aussi leur cousin Wallis, avec sa vieille moto d'avant-guerre, lui il ne boit pas du tout d'alcool, et il a appris à qui voulait l'art du tressage des feuilles de cocotier ou pandanus, c'est un gars vraiment très sympa. On s'est dit au revoir, Loveina avait les larmes aux yeux, on ne se reverra sans doute jamais, mais on essaiera de leur écrire.
Fakarava du haut de ses 800 habitants
Toujours avec les deux autres voiliers compagnons du moment, on arrive à Rotoava le vendredi 22 septembre en milieu de journée, après avoir tiré des bords dans le chenal juste après la passe Nord, passe facile aussi ce jour là. On se met à quai, ça facilitera la communication entre les trois bateaux, mais cela nous obligera à bien fermer le bateau les deux nuits que nous y passerons, nous avons trop peur d'attraper un rat comme cela nous était arrivé à Santiago de Cuba.
Chacun en profite pour faire de l'eau avec les jerricans. Chance il y a encore un peu de tomates à l'épicerie, tomates arrivées par le Cobian la veille, mais sinon c'est surtout du chou et des pommes qu'on trouve. On achète quand même quelques aubergines aussi. Pas grand chose de plus (hormis la ciboulette) chez le productrice locale Sophie, qui en fait approvisionne en priorité la cantine scolaire et les pensions de l'atoll.
Balade en vélo le samedi, jusqu'à PK9 Nord et PK9 sud, ça fera 40 km au total, il fait chaud chaud chaud, et la piste est tellement blanche qu'on se croirait comme à la montagne avec presque une ophtalmie des neiges puisqu'on a oublié de prendre les lunettes de soleil (c'est la première fois en deux ans et demi que nous les mettrons).
Jeu de Dixit le soir avec les copains de Ivitu et Tekao Noa, et nuit arrosée par la musique du samedi soir des jeunes polynésiens locaux (jusque 3heure du mat quand même.... !).
Dimanche matin départ pour Kakaiau, toujours de conserve avec les deux autres voiliers. Comme d'hab Tekao Noa arrive en tête, et Orionde le deuxième, et on trouve bien la cabane mentionnée par Lionel juste après le petit hoa (chenal). Deux jeunes cocotiers dont on prendra le coeur, quelques bénitiers pêchés par Emilie, et nous voilà à nouveau réunis les équipages des trois bateaux sur Orionde pour une dernière soirée ensemble. Et bonne surprise, Yves et Lionel ramèneront deux crabes de cocotier de leur balade nocturne à terre, dont un s'échappera finalement sur Ivitu (à l'intérieur ou à la mer, affaire à suivre).
Le lundi 25 Septembre, d'un seul bord nous allons vers Faka passe Sud, on prend un corps mort vers 13 heures. Nous y retrouvons "Let it be", voilier canadien fréquenté aux Marquises. L'eau est très claire ici, il y a plein de gros poissons chirurgiens qui se précipitent sur nos déchets, et pas mal de requins pointe noire aussi. Très beau snorkeling sur les patates près de et dans la passe, un peu en dehors du courant. On retrouve les belles couleurs des coraux vus aux Gambiers, du rose au bleu pervenche en passant par le mauve, et il y a beaucoup de variétés de poissons. Beaux poissons ange, quelques gros mérous, un requin dormeur et quelques pointes noires en plus des bancs de chirurgiens, carangues et mulets. Balade vers les plages de sable rose à l'Ouest de la passe avec Suzanne et Sylvain, on marche jusqu'au platier, et on ramène du coeur de cocotier.
Belle plongée le jour du départ, au petit matin à l'étale de marée haute. Pas le mur de requins, mais beaucoup de poissons, requins, mérous, et autres papillons, cochers, murène, poisson-lion etc .... et par endroits de très beaux massifs de corail. Mais le temps a changé, ça vente, ça pleut, l'avion de Pascale ne nous attendra pas, donc c'est le départ des Tuamotus, on n'y sera pas restés très longtemps finalement.
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