Retour au Chili, 6-9 Janvier 2021

 



Le 25 Décembre, on fêtait Noël en famille sous la neige aux Adrets, les chapons rôtissaient au four à pain et on estimait les chances de retrouver Orionde cet été austral à 1%.
On (Christine et Yves et Daniel et François et Victor) était bien marris.
Le Chili avait bien rouvert ses frontières le 23 novembre mais Puerto Williams et Punta Arenas étaient confinés, barrés par un "cordon sanitaire".
Radio ponton nous assurait que seuls les résidents pouvaient aller à Puerto Williams, mais Christine voulait tout tenter pour essayer d'y aller, histoire de ne rien avoir à regretter.
Et puis voilà, le variant anglais est sorti du chapeau et le monde s'en est inquiété et a tiré un peu plus la porte de ses frontières. Le Chili a durci ses règles mais les a clarifiées (quarantaine de 10 jours obligatoire mais à faire sur son lieu de destination au Chili pourvu qu'il soit atteignable en 24 heures).
Et puis on contacte le capitaine du port et la "barrière sanitaire" qui, finalement, nous donnent l'autorisation de passer le "cordon".
Et puis on achète les billets d'avion et puis on fait les PCR de rigueur (Qui se souviendra dans cinq ans ce qu'était un PCR ?) et puis François dévalise le rayon nautique du Vieux Campeur à Grenoble (si si il y a un rayon nautisme à Grenoble) et puis Noëlle (de Daniel si on ose s'exprimer ainsi) nous met en paquets sous vide des kilos et des kilos d'amandes et de noix décortiquées, et puis pour Victor ça le fait pas (un peu déçu les uns et l'autre mais that's life) et puis le 6 janvier est arrivé et on est parti de Lyon.
Et puis tout s'est passé comme une lettre à la poste, un peu de stress au comptoir de KLM (Nous laisseront-ils partir ?), un peu de stress à Santiago (Nous laisseront-ils rentrer ?), un peu de stress à Punta Arenas le lendemain et le surlendemain et le sursurlendemain (Y aura-t-il enfin un avion pour Puerto Williams ?) mais finalement tout s'est bien passé. Nous voilà à bord, en quarantaine pour 10 jours mais on partira avant la fin de cette quarantaine.

On retrouve Orionde en pleine forme, beaucoup plus sec à l'intérieur qu'on ne l'avait laissé (les planchers se soulèvent de nouveau sans pied de biche).
En quatre jours, tout est prêt
•    Tous les moteurs (volvo, hors-bord, dessal, pilote, guindeau, chauffage, perceuse, rasoir, ...) démarrent au quart de tour.
•    Francisco nous amène les 25 cartons de bouffe que nous avons commandés et qu'il a fait venir de Punta Arenas. Comme d'habitude Yves est horrifié par la quantité qui ne rentrera pas dans le bateau, mais qui finit par rentrer quand même.
•    La coque est propre, des plongeurs l'avaient nettoyée juste avant notre arrivée. Par contre il faut changer l'anode de l'hélice, donc Yves fera un petit tour dans l'eau, pas si froide ici, ce qui permet une revue générale du matos de plongée qui ne servira certainement pas en Antarctique vu qu'on ne va pas casser l'hélice avec un gros bout de glace et donc il ne faudra pas plonger pour mettre l'hélice de secours.
•    On fait le plein de gasoil et il y a un peu plus de 300 litres sur le pont en plus des 450 litres du réservoir principal.

Le boulanger nous amène 12 gros pains qui embaument le bateau, Denis le guide de randonnée au chômage nous amène coriandre, persil et radis de son jardin, Francisco nous amène les dernières denrées oubliées.

ON EST PRETS !!

Mais on ne serait jamais partis sans l'aide de nos trois anges gardiens, Velasquez le capitaine du port, Consuelo la tenancière de la "barrera sanitaria" et Francisco notre honorable agent à Puerto Williams.
•    Le capitaine du port est rare. C'est lui qui nous a ouvert la porte et c'est lui qui nous a donné un "zarpe nacional". Cela ne dit rien aux non-initiés aux arcanes administratives chiliennes. Cela veut dire qu'on va en Antarctique tout en restant au Chili donc on n'a pas fait les formalités de douane ou d'immigration au départ et surtout surtout qu'on ne fera pas d'entrée au Chili en revenant. On sera peut-être soumis à une nouvelle quarantaine mais rien de plus, et François et Daniel pourront regagner la France en avion, et Philippe pourra on l'espère nous rejoindre pour rallier Punta Arenas en remontant les canaux et le détroit de Magellan. Mais bon nous n'en sommes pas encore là, ne vendons pas le Drake avant de l'avoir traversé puis retraversé !!!
•    Consuelo est la reine de Puerto Williams. C'est elle qui décide de qui a le droit de passer le cordon sanitaire et de qui a l'autorisation de quitter ou de venir à Puerto Williams. Autant dire qu'elle est haïe par certains et adulée par d'autres. Avec nous elle a été super, toujours à répondre rapidement aux mails et aux whatsapp et c'est elle qui a organisé notre avion jusque Puerto Williams, ainsi que notre autorisation de rester 48 heures à Punta Arenas (on aurait dû rejoindre notre lieu de destination en 24 heures).
•    Francisco a gardé le bateau pendant 10 mois et a été notre commissaire (de marine pas de police). On l'a généreusement payé mais sa gentillesse, sa disponibilité ont aplani beaucoup de houle pour les grosses courses, les petites courses, le grattage de la coque, le combustible, et l'huile pour le hors-bord à la dernière minute.

Seule ombre au tableau, le Micalvi (le vieux bateau échoué  auquel les bateaux s'amarrent) est bien triste.
Deux ou trois voiliers habités seulement sur la trentaine qui ont hiverné ici. Les portes du bar/salle des fêtes/passerelle sont fermées, l'Armada l'a décidé après quelques fêtes de yachties en Avril 2020 alors que tout Puerto Williams était confiné. François et Daniel n'auront même pas pu le visiter.
Et il paraît qu'il veulent le fermer définitivement et virer les bateaux, le Micalvi devient trop dangereux disent-ils !
Une époque se termine, on aura eu la chance d'en profiter.

ON EST PARTIS le 14 janvier à 9h00 et notre fait d'armes, qui restera dans les annales, ce sera d'avoir mis 8 jours seulement entre le chargement des bagages à Grenoble et le largage des amarres à Puerto Williams, bateau prêt et fenêtre météo idéale !!