La nature et les hommes

 On va raconter la glace, les pingouins, les baleines, les autres animaux, les cabanes et autres restes historiques, les balades à terre, le froid, les bases, la navigation, la vie à quatre, ...

La glace
Glace de mer, ou glace de terre, elle est toujours sculptée par l’érosion du vent ou de l’eau, et elle prend des formes étonnantes. Par exemple on est incapable d’expliquer pourquoi toutes ces stries dans certains icebergs et pas dans d’autres.                                                                                                                                     

Et surtout elle est toujours d’une belle couleur, blanche  pétante ou bleu clair, quasi jamais sale, et avec des teintes changeantes avec le soleil.

Parfois apparait une coloration jaune verdâtre ou rose rouille sur certaines pentes de neige,

il parait que ce sont des algues microscopiques qui sont venues se nicher au bas de ces pentes. On parle de falaises de glace, et c’est bien ça qu’on observe : environ 20 à 30 mètres d’épaisseur de glace, à la verticale, sur le moindre petit bout de terre. On ne se lasse pas de la regarder cette glace, c’est encore plus joli que le glacier des Bossons, et ces glaciers et icebergs ont des tailles majestueuses.

Dans notre souvenir les icebergs au Groenland étaient plus grands qu’ici, mais on en a vu des très très gros quand même, et lorsqu’on passe à côté on angoisse toujours à l‘idée que l’un deux se renverse juste au mauvais moment.
C’est beau toute cette glace, on admire. Mais c’est gênant aussi. Gênant pour avancer dans des canaux remplis de petits bouts de glace (venant des icebergs ou glaciers voisins) et qui ralentissent considérablement notre progression, obligeant Daniel à monter dans les barres de flèche pour indiquer le passage où il y a le moins de glaçons. Gênant aussi quand la nuit ces petits, moyens voire gros bouts de glace viennent cogner la coque d’Orionde. Coque en alu heureusement, mais ça fait du bruit, beaucoup de bruit, et ça nous réveille. Heureusement dans certains cas que ça réveille car sinon les gros bouts de glace pourraient embarquer  notre mouillage et nous emmener (au large ou à la côte) du fait de leur poids important. On a calculé que les plus gros qu’on a vu devaient peser environ un million de tonnes ! Pas moyen de faire de la prévention, c’est-à-dire se débarrasser de ces bouts de glace avant d’aller dormir, car même sans vent ils bougent tout le temps, parfois c’est juste le courant de la marée qui les promène. Imprévisible…. Sur les 29 nuits passées en Antarctique on a peut-être eu seulement 4 à 5 nuits sans bruit de glace venant tintinnabuler contre la coque la nuit.
Et on n’a pas mis de glace de l’Antarctique dans notre pastis du soir, l’eau du bord était déjà suffisamment froide.

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Les pingouins
Ils sont petits, 70 cm de haut seulement, en tous cas tous ceux qu’on a vu. On a vu surtout des pingouins papous avec leur bec rouge, on a vu quelques pingouins jugulaires avec un petit collier noir autour du cou, on n’a pas vu de près les pingouins Adélie qui ont un bec noir, il y en avait sur l'ile de Petermann mais on n'a pas pu débarquer et on ne les a aperçus que de loin. 

Et bien sûr on a vu des pingouins de Magellan dans le canal Beagle, très élégants avec leur rayure blanche.

Le seul pingouin royal qu’on ait vu est celui de l’île Lennox dans la région de Puerto Williams, qui vit seul ici depuis plusieurs années alors que ses congénères ullulent en Géorgie du Sud ou aux Falklands.

On se demande pourquoi ils ont des petits bouts d’aile ces pingouins puisqu’ils ne peuvent même pas voler. Et quand ils nagent on n’a pas l’impression que ces ailes les aident. Ils les font battre quand ils sortent de l’eau, pour se sécher sans doute, et sinon quand ils marchent on dirait presque qu’ils auraient envie de s’en servir pour s’équilibrer mais qu’elles sont trop courtes… On y était à la période de reproduction, les pingouins couvent leurs œufs souvent allongés par terre, et il y a en général un ou deux petits nouveau-nés par couple de pingouins. Dans les grandes colonies de pingouins ça se repère de loin à cause du bruit, et aussi des odeurs. Ils n’ont pas peur de nous ni des éléphants de mer avec qui ils cohabitent souvent. Quand ils nagent et qu’on les croise avec Orionde, là ils sont un peu plus inquiets visiblement, ils passent loin du bateau. Les parents pingouins nourrissent leurs petits avec les poissons qu’ils ont gardés dans leur estomac et qu’ils régurgitent à la demande. Ils défendent bien leurs petits contre les skuas, espèce de gros corbeaux qui adorent manger les œufs et/ou nouveau-nés pingouins. Quand ils grandissent les petits pingouins perdent leur plumage gris, qui devient alors noir. Tout comme les baleines le font en Polynésie, il semblerait que tous ces pingouins reviennent exactement au même endroit en Antarctique chaque année pour se reproduire



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Les baleines
Si il y a un animal que tu vas en Antarctique pour le voir, c’est bien celui-là ! On en avait déjà vu quelques-unes dans les canaux, c’est vrai, mais comme on avait déjà vu des pingouins, des albatros, des cormorans et des otaries. Mais là dans le canal de Gerlache tu en vois plein et tout le temps, c’est incroyable. Et pourquoi cet animal nous fascine tant ? parce qu’il est très gros ? parce qu’il est un mammifère et fait donc ses bébés un peu comme nous ? parce qu’il est gentil ? parce que sa queue est belle ? et surtout les mouvements de sa queue…. Plein de raisons différentes sans doute, et à chacun les siennes.
Ce qui est sûr c’est qu’on prend beaucoup de plaisir à les repérer et à les observer. Il faut savoir ne pas les voir qu’au travers de l’objectif de son appareil photo, mais on est très contents aussi quand on a une belle rafale de photos du mouvement de la queue ou même mieux une vidéo de tout le mouvement quand la baleine plonge. On croise leur chemin, parfois c’est une baleine toute seule, mais le plus souvent c’est un petit groupe de baleines, entre deux et six. Elles ne s’approchent pas du voilier, mais on ne leur fait pas peur, on n’en a jamais vu une sursauter par exemple. Elles ne nous accompagnent pas pour un bout de chemin, on ne les intéresse pas. Il parait que c’est l’époque où elles sont essentiellement préoccupées par la recherche de nourriture. Elles font pas mal de bruit quand elles soufflent, en général on les repère de loin de visu, mais parfois cela peut être le bruit de leur souffle qui retient notre attention. Une ou deux fois on a eu la chance de les voir jouer un bon moment pas trop loin de nous quand on était au mouillage, on suppose qu’elles jouaient, on ne sait pas vraiment.
Et sinon on a été témoin d’une attaque de baleine par un groupe d’au moins une dizaine d’orques, mais c’était , le 26 Février dans le canal Beagle, lors de notre retour sur Puerto Williams. On passait tranquillement au moteur dans le petit canal près de l’île Holger au nord de la Caleta Margarita, lorsqu’on a vu plusieurs souffles ressemblant à ceux des baleines. En approchant on réalise qu’il s’agit des souffles d’un groupe d’orques, dont certains orques très grands, qui étaient en train d’agresser une baleine échouée sur la rive gauche de ce petit canal. La baleine était encore vivante, on a vu son souffle, et les orques femelles et petits orques continuaient d’attaquer son flanc avec leur mâchoires, la baleine saignait donc pas mal. Lors de notre passage à proximité les orques n’ont même pas eu peur, et ils ont continué leur sale besogne. Nous n’avons pu que ressentir une très désagréable impression à la vue de cette attaque à dix contre un, nous sommes restés tout à fait impuissants, et après quelques vidéos nous avons continué notre chemin. Il s’agissait d’une baleine Sei, et ce n’est pas la première fois qu’un tel évènement se produit dans le Beagle nous diront les habitants de Puerto Williams. Ca n’empêche, il s’agit d’une dure loi de la nature.
 


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Les autres animaux
Les phoques, de Wedell ou crabiers, sont les plus jolis autres animaux qu’on ait vus. La seule chose c’est qu’ils se meuvent un peu comme des grosses limaces, et ça ce n’est pas très élégant. Sinon un phoque qui se dore au soleil sur un bout d’iceberg ou de banquise, c’est magnifique, vraiment très beau à regarder.
Il y a les léopards de mer, qui sont aussi de la famille des phoques, ils ont le même type de jolie fourrure, mais ils sont plus grands. Et surtout ils ont une très grande bouche qui peut facilement faire un gros trou dans une annexe si ça les amuse ….
Les otaries elles ressemblent un peu à des très gros chiens, elles sont parfois en colonies, parfois toutes seules par exemple quand le vieux mâle a perdu son harem. On les reconnait bien à leurs petites oreilles et à leur façon de se déplacer. On n’en a pas vu beaucoup.
Quelques éléphants de mer, qui eux sont bien moches et patauds, mais toutefois inoffensifs.
Les oiseaux on laissera ça aux piafologues émérites, on s’est bien sûr régalés avec les albatros et leurs vols planant, mais ceci depuis un moment déjà, avant même l’Antarctique. Les skuas sont plutôt gênants, pour nous comme pour les pingouins. Les colonies de petits sternes sont assez nombreuses. Et ce que l’équipage a le plus apprécié, surtout Daniel, ce sont les cormorans aux yeux bleus. De loin on les confond assez souvent avec des pingouins, et puis quand ils battent des ailes et qu’ils s’envolent, on se dit « mince, raté, c’étaient des cormorans et pas des pingouins »…
On a vainement cherché des petites bestioles dans l’eau, mais y a pas grand-chose…. Si si on a vu des arapèdes (coquillage en forme de chapeau pointu, très prisé dans certaines régions), beaucoup de ces arapèdes sont mortes, les oiseaux s’en sont visiblement régalés, mais quelques-unes sont vivantes (Daniel en a même goûté une), et aussi on a aperçu quelques petites crevettes rouges de krill. Pas la queue d’un poisson, mais alors de quoi se nourrissent donc les otaries et les pingouins ? ou bien c’est qu’ils vont très loin en mer pour attraper quelque chose ? Certains pingouins doivent se nourrir essentiellement de krill, ça se voit rien qu’à la couleur de leur caca…


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Les cabanes et autres restes historiques
LeMusée de Waterboat de la base chilienne Gonzales Videla : on est accompagné par le météorologue de la base pendant la visite, il y a quelques photos sur l’histoire de la base, mais lui ne nous apprend pas grand chose.
Le nom « waterboat » vient du fait que l’expédition britannique qui est venue dans cette zone durant les années 1920 avait finalement choisi le lieu d’échouage d’un vieux petit bateau norvégien (9 mètres de long), transporteur d’eau pour les chasseurs de baleine, qui avait été abandonné là 8 ans plus tôt. Du coup au lieu de tentes considérées comme de sommaires abris ils ont pu construire des cabanes avec les bouts de bois de ce bateau. L’objectif de l’expédition était de rejoindre la mer de Weddell à partir de cette base, éventuellement avec des chiens, ce qui s’avèrera complètement impossible pour les deux personnes ayant passé environ 12 mois dans ce « campement ». Malgré une vie matérielle difficile pour ce qui est de la nourriture et du froid, ils y feront des relevés météo et de marées, et de l’observation d’animaux, et seront ramenés chez eux par un baleinier norvégien. La base s’appelle maintenant Gonzales Videla car il s’agit du premier président d’un pays (le Chili) ayant été en 1940 en personne en Antarctique dans cette base. Cette base a été « active » durant quelques années, elle ne l’est plus, mais elle est considérée comme ressource en cas de besoin en fuel ou autre approvisionnement dans cette zone.
On y achètera quelques cartes postales, et des médailles de l’armada du Chili dédiées à cette base. 


Cabanes de Dorian Bay  Il y en a deux : i) la cabane bleue anglaise, qui est ouverte, très bien entretenue, avec encore des vivres, des livres (dont notamment celui du brésilien Amyr Klink qui y a hiverné), et qui servait de relai pour remplir le fuel des avions qui allaient dans les bases plus au Sud, et ii) la cabane orange argentine fermée mais dont il semble ne rester essentiellement que les murs en tôle, donc peu intéressante.




Wordie House à Vernadsky c’est l’ancienne base « F » (pour Falkland) ou base Faraday, du temps où elle appartenait encore aux anglais, qui l’ont finalement donnée aux Ukrainiens en 1996.
C’est considéré comme un musée, avec une clef qu’il faut demander à la nouvelle base ukrainienne.  C’est très bien entretenu, il y a plusieurs pièces (atelier, cuisine, salon, salle radio-météo, etc …). Pareil il y a encore des vivres, des poêles pour se chauffer, la batterie de cuisine. Au même emplacement une première cabane avait été construite plusieurs années auparavant, mais elle fut détruite par un tsunami en 1946. La base « F » a fonctionné environ 10 ans, avec des objectifs de relevés scientifiques météorologiques principalement. L’installation était plutôt confortable, avec même une serre pour cultiver des légumes.
Le livre d’or de ce musée montre le nombre important de visiteurs de ces sites les autres années, années avant la survenue du Covid, en majorité des visiteurs de cruisers qui se comptent le plus souvent par milliers, et sont de toutes les nationalités.



Cabanes de Port Lockroy C’est de là qu’on peut, les années sans covid, envoyer des cartes postales depuis l’Antarctique. Mais là la poste est fermée …. On peut visiter l’ancienne base, mais pas les habitations.



 

 Cabane de Mikkelsen et cimetière os de baleines. Il s’agit d’une cabane argentine, mais elle est fermée, juste un petit cagibi à côté de cette cabane est ouvert mais sans intérêt. Par contre en contrebas du sommet de cette petite île où se trouve la cabane, vers le Nord, se trouvent les reste de deux ou trois baleinières en bois, et surtout les nombreux ossements des baleines qui furent dépecées ici . On peut compter les mâchoires, les vertèbres, les côtes …..


 

 Les balades à terre
Daniel, notre guide de montagne restera sur sa faim. Nous n’avons pas pu en faire beaucoup, ni des longues balades. A cause du relief et du manque de chemins bien sûr, mais aussi à cause des dangers et de l’isolement. Parfois la neige était très dure et glissante comme à Cuverville. Parfois c’est la présence crevasses, qui pouvaient se situer dans des endroits inattendus, qui nous a empêché d’aller plus loin comme à Waterboat. D’autres fois c’était la météo qui était en cause. Mais d’autres balades ont été bien réussies : le sommet de Port Charcot que nous avons dû faire deux fois au grand dam de François, le sommet de Pléneau rebaptisé Orionde du Sud par Yves et Daniel qui ont dû marcher deux bonnes heures dans une neige qui enfonçait beaucoup. D’autres ont été juste des baladounettes, le sommet de l’île Galindez à Vernadsky et ses 51 mètres d’altitude, le sommet des petits îlots à côté d’Enterprise guère plus que 30 mètres d’altitude, le petit col menant à une autre cabane près du mouillage de Portal, le sommet de l’îlot de la hutte à Mikkelsen nous obligeant à nous frayer un chemin parmi les nombreux pingouins de la colonie. Mais à chaque fois c’était beaucoup de plaisir durant ces balades, avec la découverte de nouveaux points de vue, photos obligent, et la possibilité d’approcher des animaux : pingouins, cormorans, otaries, phoques, oiseaux ….


 On a aussi fait quelques balades juste avec l’annexe, au moteur, à quatre dedans, avec la VHF, une combinaison de survie et le tel Iridium par sécurité, et c’était bien. On n’a jamais été mouillés par les embruns de la mer.

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Le froid
C’est la partie la moins agréable du voyage. Et on ne va pas parler de l’humidité puisque c’est écrit partout que l’Antarctique c’est le continent le plus sec du monde….. Sauf que sauf que : nous on vit dans un espace le plus souvent fermé, et que notre respiration ce n’est pas la plus sèche du monde …. Mais bon, ça vient doucement ce froid au fur et à mesure qu’on descend dans le Sud, l’eau de mer et l’eau à boire sont de plus en plus fraîches, les sous-pulls se font de plus en plus nécessaires, tout comme les gants et les chaussettes qu’il faut empiler en plusieurs couches si on veut rester un minimum confortable.  Il y a les fans du thermomètre, pour savoir, et il y a ceux qui doutent du résultat du thermomètre, et qui mesurent plusieurs fois et à plusieurs endroits. Le soir on est content quand arrive l’heure de l’apéro car c’est aussi l’heure à laquelle on met le chauffage. Et le matin parfois il fait 5 ou 6 degrés seulement à l’intérieur du bateau, alors on se dit qu’on est vraiment dans un frigidaire ! Ce qui n’arrange rien c’est le vent bien sûr qui fait chuter drastiquement la température ressentie. Et quelques matins on a eu droit à la neige sur le pont, ça fait hyper joli, et ça met longtemps à fondre ! Et parfois même quand il pleuvait et qu’il faisait très froid il y avait une toute fine pellicule de glace au dessus de l’eau de la mer, c’était l’eau douce de la pluie qui était en train de geler.

La navigation
Comme dans beaucoup d’autres endroits où on a navigué, lorsque l’on sort des sentiers battus, les cartes ne sont pas justes. Du coup le bateau passe souvent sur de la terre, à l’ordinateur bien sûr, pas en vrai !
En fait il y a plusieurs jeux de carte possibles (les CM93 pas bonnes du tout , cartes anglaises les mieux), et aussi différents logiciels de navigation (opencpn sur l’ordinateur, isailors sur la tablette), il faut bien choisir lesquels sont les moins mauvais, et parfois il faut les confronter les uns aux autres. Pour les mouillages l’idéal ce sont les croquis faits par les navigateurs précédents, un peu l’équivalent du livre de Giorgio pour les canaux de Patagonie. Ca renseigne sur la profondeur et sur le type de fonds dans ce mouillage, sur l’endroit où c’est mieux de mettre l’ancre, sur la possibilité d’aller mettre des bouts à terre, et à quoi les accrocher ces bouts. Tout des informations très précieuses quand on arrive au mouillage et qu’on aimerait y bien dormir.



 


Le danger quand on navigue en Antarctique ce sont les growlers de taille moyenne et les icebergs qui se trouvent sur notre chemin, et qu’il vaut mieux ne pas cogner avec de la vitesse, même celle d’un voilier. Nous n’avions pas de radar (peut-être une erreur) pour les identifier de loin,  et seuls nos yeux pouvaient nous servir. Heureusement en Janvier les nuits sont très courtes, de l’ordre de 1h à 2h seulement, et les journées sont bien assez longues pour aller d’un point à un autre. Malheureusement il y a souvent de la brume ce qui limite beaucoup la visibilité. Et selon l’état de la mer, cet exercice d’évitement des growlers s’avère plus ou moins difficile…
Nous n’avions pas non plus de cage d’hélice pour la protéger des glaçons, en fait très peu de voiliers en ont. On a un peu joué au brise glace dans certains canaux (canal Lemaire, canal Neumayer), mais pas beaucoup, et en étant resté toujours au dessus du cercle polaire nous n’avons pas rencontré de pack-ice infranchissable.

La vie à quatre
François et Daniel sont restés à bord pendant presque deux mois avec nous, et ça s’est passé super bien. Je pense que les uns et les autres ne s’attendaient pas à ce que ça se passe aussi bien …. Sur Orionde on a souvent parlé de notre équipier modèle Philippe, en chantant ses louanges, à tel point que certains auraient bien aimé en avoir une photocopie. Eh bien on les a trouvées ces photocopies : des équipiers hyper contents d’être à bord d’Orionde en route pour l’Antarctique, des équipiers toujours dispo pour prêter main forte au reste de l’équipage, avec des talents culinaires certains et une grande capacité de vaisselle essuyage. Jamais malades, jamais grognons malgré l’inconfort dû au froid et à l’humidité, toujours OK pour les apéros rituels du soir. On ne peut que les féliciter, sans eux on n’aurait jamais pu faire ce si beau voyage. Ils ont partagé pendant tout ce temps courageusement la couchette avant d’Orionde, et nous n’avons pas senti la moindre tension venir.
Moralité : pour ceux qui hésiteraient encore à prendre de temps en temps des équipiers  lors des navigations un peu difficiles, allez-y, n’hésitez pas, choisissez les bien et foncez. Pour cette durée de deux mois cela n’a été que du bonheur, et, à notre avis, la clef de cette réussite c’est que chacun d’eux possédait aussi un bateau et donc connaissait très bien les contraintes inhérentes à cette vie de bateau.
Tous les quatre nous avons parfaitement supporté l’hyperactivité de notre capitaine, contribuant aussi à calmer les angoisses par ce besoin d’agir. Et la maniaquerie ménagère n’a pas été au-delà de l’exigence de ne pas laisser l’éponge mouillée au fond de l’évier…. c’est dire comme c’est peu ….

Le tour du Horn en passant par l’Antarctique
Nous l’avions déjà salué il y a un an, en Mars 2020, avec Didier et Jean-Paul, nous en avions été émus et ravis.
Nous avons voulu recommencer, en arrivant par son Nord-Ouest le vendredi 15 Janvier 2021 en milieu de journée. On est au moteur depuis tôt le matin, partis du mouillage de Lennox, il fait beau. On embouque le canal Bravo. On passe près des cathédrales, ces deux rochers triangulaires bien pointus qui touchent l’île Horn.


 

Puis on fait attention aux cailloux qui débordent la pointe ouest du Cap, tous les appareils photos sont sortis, et ça mitraille dur ! Il y a un peu de houle quand même mais très raisonnable. On papote avec l’alcamar, qui est très content de discuter un peu, il nous souhaite un bon Drake en précisant qu’on a de la chance car ces conditions de départ sont excellentes. Eh oui, on quitte le Horn cap au Sud pour 500 milles, vent de travers avec juste 1 ris dans la GV et le solent.
Un petit séjour de 4 semaines et demie dans la péninsule Antarctique, et nous voilà de retour, au petit matin du Dimanche 21 Février 2021, à 6 milles au Sud du Horn qui est devant nous, les cathédrales sur sa gauche, et cette fois on finit notre tour en le passant d’Ouest en Est. Le temps est gris, le vent d’Ouest suffisant pour nous faire avancer mais pas trop fort. On est émerveillés par ce spectacle majestueux de passer le Horn ainsi, en plus on est gâtés avec de nombreux  vols d’albatros, un dauphin qui vient nous voir, et aussi les vols des cormorans. Un petit bonjour à l’alcamar, on est soulagés d’en avoir quasi fini avec le Drake retour, on passe devant le phare, et devant le monument du Horn. Et nous voilà repartis cap au Nord, on embouque le Canal Paso Mar del Sur direction Caleta Martial. Beaucoup d’otaries, dauphins et baleines nous souhaiteront la bienvenue dans ce canal, sympa ! 

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