38 mails de méridienne

Du 15 Janvier au 21 Février, on n'en a pas raté un seul !!

 -55.80;-67.40; Wollaston 15/01/2021;Voici donc notre premier mail de méridienne. Partis de Lennox dès potron minet, nous voilà dans l'archipel des Wollaston dont l'ile Horn est la plus au sud. On sera par le travers du Cap vers 15 heures et on tournera à droite. Du soleil, peu de vent, du courant favorable, tout va bien. La fenêtre météo est toujours favorable. On est de tout coeur avec vous qui supportez tous ces couvre-feux (ou couvre-feu ou couvres-feux) et autres fermetures et interdictions. On veut bien savoir les positions de ceux du Vendée Globe qui vont passer le horn demain et après demain.Bisdorionde

-58.09;-66.24;samedi 16/01/21, Drake J2; Après avoir mitraillé et remitraillé ce cap Horn, qui a de la gueule même par force trois, cap au 165. Et avec deux nouveaux cap-horniers en prime à bord. On est très contents et eux aussi, on est restés sobres, mais on se rattrapera à l'arrivée sur la Péninsule. Première nuit en mer, premiers quarts. A quatre c'est royal, deux heures chacun et deux heures en prime pour celui qui s'est enquillé six heures de sommeil d'affilée. C'était Christine, la nuit prochaine on tourne. Vent portant, pas de lézard, pas de manoeuvre de nuit, on progresse bien vers le sud. Juste il fait froid, et nous on navigue de nuit avec le capot grand ouvert comme quand on était sous les tropiques, on va changer ça. Faut prendre des bonnes habitudes même s'il faut bien s'habituer à ce fichu froid (et on n'a pas encore atteint la convergence ...). Il fait nuit de minuit à quatre heures, facile la veille. Bisdorionde.

-60.49;-65.25;dimanche 17/01/21, Drake J3; On a eu du vent fort mais point trop, la mer restait tout à fait raisonnable, même pas mal, et en plus on était au portant, GV haute, solent tangonné. Beaucoup de chance donc décidément. Peu de soleil par contre, mais on l'a aperçu ce matin un moment. La nuit a été bonne pour tous, on en profite. Les deux nuits suivantes il faudra veiller encore plus car on aura franchi la limite de la convergence, et du coup un iceberg petit ou gros n'est pas çà exclure même si peu probable. Et ce matin le vent a baissé, on a du coup (clin d'oeil à Daniel) sorti de son sac et installé le genaker !... A nous les soixantièmes et plus, on est bien contents d'être là. Bisdorionde.

-62.65;-64.00;lundi 18/01/21, Drake J4; (1)On ne va pas vous bassiner avec le froid comme on vous a bassiné avec la pluie durant l'humide descente des canaux de Patagonie. Disons qu'il fait pas chaud dans le bateau (température à un chiffre) mais qu'on n'ose pas mettre le chauffage de peur qu'il se désamorce avec les mouvements du bateau donc on ne quitte pas gants, bonnet, doudoune. Et que l'eau de mer soit à 4 degrés n'a pas d'importance puisqu'on y va pas. (2) Il reste 100 milles à faire jusqu'à Melchior donc moins de 24 heures et ce sera voile et moteur souvent dans le brouillard. Pas question de glandouiller, la prochaine dépression arrive mercredi et il fera bon être à l'abri. Nous sommes sous la limite des glaces dérivantes mais rien ne dérive à l'horizon pour le moment et durant la très courte nuit de deux à quatre, on a encore une certaine visibilité. (3) Nous sommes dans les zones régies par le traité de l'Antarctique et, pour avoir l'autorisation des TAAF, on a promis juré que notre impact sur l'environnement serait "mineur et transitoire". Donc, alors qu'on les jette à l'eau partout ailleurs, on va stocker les déchets organiques sauf ceux auxquels vous pensez certainement. Les premiers (épluchures, marc de café, restes) seront stockés dans un grand bidon qui fera le Drake dans l'autre sens. Les seconds rempliront une "cuve à eaux noires" vidée avant qu'elle soit pleine à bonne distance de la côte. Quant aux emballages et plastques divers, ils seront comme d'hab compactés et gardés au fond du cagibi. (4) Outre ces considérations scatologiques les damiers du Cap sont magnifiques et on a vu notre première baleine. Bisdorionde.

-64.32;-62.92;19 janvier - Drake J4, Antarctique J1;A six heures ce matin, il neige dru sur Orionde (Michel l'avait prévu), heureusement le vent tombe. On distingue la terre malgré les averses... Hé bien non ce n'est pas la terre ce sont nos deux premiers icebergs. 20 m ? 50 m ? Pour Christine c'est le premier depuis 40 ans en Géorgie du sud, pour Daniel et François c'est le premier depuis 70 ans, Yves était passé ici il y a six ans. A sept heures, sous le vent des iles, on fait des ronds dans l'eau  le temps de regonfler l'annexe et de ranger voiles et hydrogénérateur et on s'engage dans un minuscule bras de mer entre Omega et Eta (il y a autant d'iles que de lettres dans l'alphabet grec), bravo et merci à celui qui a trouvé ce mouillage et prêté sa trace. A huit heures mouillage dans une petite crique avec deux boutes à l'arrière et une falaise de glace (50 m ? 100 m ?) devant l'ancre. A neuf heures autocongratulation générale, chauffage, séchage, décrassage,  adjectivage (grandiose, magnifique, magique, émotionnant, inespéré). A dix heures, mails. Bisdorionde

-64.32;-62.92;20 janvier, Antarctique J2; Nous sommes toujours mouillés dans l'île Omega des îles Melchior. Hier après-midi nous avons été voir un groupe de phoques de Wedell, pas du tout inquiets par notre présence. Nous avons aussi marché un peu dans la neige, très jolie couleur bleu ciel de nos traces, et nous avons admiré et écouté les glaciers vêler leurs morceaux de glace dans la mer. On a l'impression d'être dans un refuge de montagne sinon, il nerige toujours ce matin. On a bien dormi cette nuit, on avait bu le soir de façon très raisonnable. On va rester au même endroit encore ce soir sûrement, on attend la fin de la dépression avant de bouger vers l'île de Cuverville.  Bisdorionde


-64.60;-62.75;21 janvier, Antarctique J3; Le vent souffle mais tout est calme, reposé, entends-tu les glaçons tintinabuler. Réveil brutal à deux heures du mat, un petit glaçon de 10 ou 30 tonnes est rentré malencontreusement dans notre petite anse, tape contre la coque et force sur les amarres. branle-bas, on pousse avec le tube "pousse-glaçon" mais ce n'est pas un combat égal. On remet l'annexe à l'eau et on pousse le growler à l'extérieur, ouf. Comme ça c'est vite dit mais on a bien mis deux heures pour y arriver et bien sûr il neigeote et il est deux heures et demi du matin. heureusement qu'il fait clair. A midi nous partons pour Cuverville Island et ses pingouins, on espère que ce sera plus tranquille. Bisdorionde


-64.29;-62.63;22 janvier, Antarctique J4; Les jours se suivent et ne se ressemblent pas. Nous sommes arrivés hier soir à Cuverville par un dédale d'icebergs de tous les bleus et de toutes les formes, le mouillage est miraculeusement libre de glaces, il n'y a pas un souffle de vent et il fait grand beau temps. les 15000 (selon la préfecture) pingouins papous de la plus grande rookerie d'antarctique s'en donnent à coeur joie et nous aussi. Balades, photos, pingouins, photos, dodo paisible, photos, lessive, photos, petite rando, photos, bière en terrasse, photos , sieste, photos, etc. PS : Cousteau a dit qu'il se refusait à affubler ces magnifiques animaux du terme péjoratif de manchots. Dont acte. Bisdorionde

-64.82;-62.86;23 janvier, Antarctique J5; Un dernier petit coup d'oeil à Cuverville sous le soleil dans le retro et nous voilà repartis. On veut passer à côté de la base Gonzales Videla (des Chiliens) pour mendier un peu de fuel pour n'avoir pas d'arrière pensée de pénurie en allumant le chauffage. On y arrive, on cause à la VHF, nous sommes les bienvenus, avec un masque, mais les bienvenus quand même. On se faufile dans une minuscule baie pleine de bergy bits mais qui ne bougent pas. Deux boutes à terre, on ne bougera pas non plus. Tout à l'heure on ira chercher nos bidons pleins, visiter le musée de la base, piétiner quelques nids de manchots, la base en est couverte ! L'ambiance à bord est toujours parfaite.  Bisdorionde

-64.82;-62.50;24 janvier, Antarctique J6; Adieu VHF aux 9 militaires chiliens qui s'emmerdent dur de novembre à mars surtout cette année où il n'y a pas de cruisers pour acheter des cartes postales. On mesure notre chance d'avoir l'Antarctique pour nous tout seul (10000 visiteurs l'an dernier, soit 40 cruisers et quelques voiliers). On traverse le Gerlache pour la troisième fois pour prendre le canal Neumayer grandiosement bordé de montagnes qui seraient des 4000 dans les alpes. Vent arrière à 6 noeuds, quelques bergy bits à contourner, une belle journée de voile. Arrivée un peu musclée avec 20-25 noeuds à Dorian bay (le croquis dit qu'il faut raser la falaise de gauche à 4 ou 5 mètres) mais tout se passe bien sauf un peu d'eau qui est passé par dessus les bottes en accrochant les boutes à terre. Des bottes Muck dont on ne dira jamais assez qu'elles sont parfaites (chaudes, étanches, hautes, antidérapantes). Bisdorionde

-64.82;-62.50;25 janvier, Antarctique J7; Toujours à Dorian bay, trop de vent pour mettre le nez dehors sauf lorsqu'il s'agit de repousser les glaçons entreprenants ou de leur faire franchir nos amarres à terre qu'ils poussent gaillardement. Tout à l'heure visite à terre. Il y aura certainement quelques pingouins et phoques. Il y a aussi deux baraques, une argentine, une anglaise du temps où Dorian bay servait de piste d'atterrissage (enfin de pente de neige pas trop cabossée) pour que les avions à destination du grand grand sud se ravitaillent. Que trouvera-t-on à l'intérieur ? A demain pour la suite. Bisdorionde

-65.00;-63.78;26 janvier, Antarctique J8; Balade autour de Dorian Bay hier aprem, visite de la petite hutte, petite pensée pour ceux qui y passaient des jours et des jours. Il reste des cadbury d'il y a trente ans, mais on s'est retenus ! Les bébés pingouins qui sont nés abrités sous la hutte sont beaucoup plus gros que les autres. On part de Dorian Bay en laissant une élingue sous le rocher dont elle n'a pas voulu se décoincer (elle avait donc bien fonctionné !). On passe devant la base anglaise de Port Lockroy (mais le nom est français). Elle ne sert que de tourist office pour les cruisers et ...pas d'immunité collective, pas de cruisers... pas de cruisers, pas de business...pas de business pas d'anglais. On enquille le très spectaculaire canal Peltier (tout le monde connaît son effet mais on veut bien que Raymond nous l'explique). Pas trop de glaces, un soleil radieux, un petit vent nous tire vers le canal Lemaire, la "Kodak Valley" de l'Antarctique. On verra les photos avant vous.  Bisdorionde

-65.11;-64.08;27 janvier, Antarctique J9; L’après-midi d’hier a été la plus belle du voyage jusqu’ici. On vous avait laissé a la sortie du pittoresque canal Peltier. Juste ensuite, Festival de baleines à côté du bateau. Festival de montagnes dans le canal Lemaire (des drus de plus de 500 mètres surplombés d’une bonne couche de Chantilly). Festival de brash et de growlers  pour la sortie du canal Lemaire, suffisamment pour se faire peur (et si ca se bouche complètement ? Et si l’hélice s’en prend une grosse ? Et si le vent vient à se lever ?) mais pas assez pour se mettre en danger. Festival d’icebergs dans la Salpêtrière (nom donné par charcot en l'honneur de son père), ce cimetière où ils viennent s’échouer définitivement, poussé dans ce cul de sac par les courants. Mouillage profond, près des cailloux et exposé à la glace à Port Charcot. Pas tranquille, l’équipage, on fait des quarts la nuit mais rien ne bouge. Ce matin , balade au cairn Charcot, tournicotage autour des icebergs et de l’annexe et des ses appareils photos, quelques milles jusqu’à Pléneau, un mouillage sûr et sur quatre boutes au fond d’un goulet. On va sans doute y rester quelques jours. Bisdorionde

-65.11;-64.08;28 janvier, Antarctique J10; On reprend le mail hebdomadaire envoyé au deuxième cercle : "Cela fait maintenant 10 jours que nous sommes dans la péninsule antarctique. Jusqu’ici tout va bien, le temps est souvent plutôt beau, la glace raisonnable, les deux coups de vent étalés bien à l’abri, l’ambiance à bord parfaite, le bateau sans aucune avarie, le stress contenu, les chiliens de Gonzales Videla nous ont donné du gasoil, on peut chauffer sans retenue. Et il n’y a pas un bateau dans le coin cette année, c’est comme il y a quarante ans en Géorgie du sud ! Juste quelques traces de pas a Port Charcot, un voilier parti juste avant nous de Puerto Williams qui est passé aussi ici. On sait maintenant qu’on n’ira pas en baie Marguerite, trop sud et trop de glace pour notre faible expérience et notre témérité raisonnée. Pour le moment on est à Pléneau (65°06 S / 64°05 W) et on va en profiter quelques jours après les 24 îles grecques de Melchior, les 15000 pingouins de Cuverville, les 9 chiliens de Gonzales Videla, les 2 huttes de Dorian Bay et les 200 icebergs de la Salpêtrière à Port Charcot. Bisdorionde". Bisdorionde

-65.13;-64.10;29 janvier, Antarctique J11; Pléneau, toujours. On fait des grasses matinées. On bricole. On fait le plein plein du réservoir de fuel avec les bidons(calculs faits, on consomme 2,5 litres par heure de moteur et 3 litres de chauffage par jour avec deux heures le matin, trois heures le soir). On va faire une longue promenade en annexe dans le dédale d'ilots au nord du mouillage, voir des rookeries de pingouins(encore des papous dommage)et quelques cormorans, marcher sur la banquise qui perdure au fond d'une baie (et manquer passer à l'eau quand elle craque), jouer au phoque sur un iceberg (bien plat pour qu'il n'y ait pas de risque de retournement). On va faire une magnifique rando sur le sommet d'Hovgaard (3 bonnes heures de marche quand même à regretter ses skis en enfonçant dans la neige cartonnée) suffisamment rond pour ne pas être crevassé (on se souvient de l'enfoncement brusque de notre guide sur le glacier derrière Gonzales Videla). Du sommet on voit les iles au sud, Peterman, Argentines, Pitt ... plutot pas trop de glace, ça va le faire en bateau demain ou après-demain. Ce sommet n'a pas de nom sur la carte, ce sera donc "Orionde du Sud" ou "Southern Oriondé". Bisdorionde

-65.25;-64.25;30 janvier, Antarctique J12; Jolie navigation à la voile le long d'Hogvaard puis Peterman (ou Kim a hiverné en 1980), même si le temps est maussade, on en profite. Nous voilà installés aux iles Argentines, à côté de la base Vernadsky (qui s'appelait Faraday avant que les anglais ne la refourgue aux Ukrainiens ). Chance, la petite creek est libre de banquise, ce qui n'était pas le cas il y a dix jours quand Igor est passé. Mouillage grandiose sur quatre boutes, une bonne heure d'efforts quand même, Daniel a fait des merveilles en courant tout la haut au dessus du mur de glace pour nous mettre les élingues. Il neige et il va neiger jusqu'à demain, peut-être la pelle à neige sera-t-elle utile ? Finie la solitude complète, il y a pas loin de nous Code Rouge, qui arrive d'Ushuaïa. Bisdorionde

-65.27;-64.23;31 janvier, Antarctique J13;Aux Iles Argentines encore aujourd'hui et peut-être demain aussi. Orionde passe la nuit à fleureter avec le glaçon qui ne le quitte plus. Sachant qu'il fait 7 mètres de long, 3 mètres de large, 50 cm de haut, que la masse volumique de la glace est de 0.917 kg/litre et que celle de l'eau salée à 2° est de 1.025 kg/litre, quel est son poids? Heureusement il n'y a pas de vent ni de vaguelette, sauf quand un petit bout de glace tombe du glacier devant nous. On a bien dormi. Essayage de la combinaison de survie (qui ne servira jamais), il faut moins de cinq minutes pour l'enfiler mais il faut se faire aider pour le cou. Immersion avec la combinaison de survie, l'eau rentre un peu par les gants et le cou, on n'insiste donc pas mais c'est très efficace, même pas froid. Et bien sûr quelques photos souvenirs debout sur le glaçon sus-mentionné. Bisdorionde

-65.23;-64.21;1er Février, Antarctique J14;Aux Iles Argentines encore (en décalant un peu le point pour qu'il soit visible sur route.php). Comme cela fait plus que 14 jours que nous n'avons vu personne, les ukrainiens nous ont invités : visite de la base, toasts avec vodka maison, congratulations mutuelles, photos souvenirs, déjeuner ensemble, on a passé un excellent moment hors du temps et de l'espace. On a retrouvé notre solitude de yachties, le voilier Code Rouge est reparti vers le nord. demain on ira mouiller aux Iles Lippman à 15 milles dans le sud histoire d'aller un peu plus loin que la plupart des autres ! Bisdorionde

-65.17;-64.13;02/02, Antarctique J15;Ce matin réveil aux Argentines avec un grand soleil, 10 cm de neige sur le pont et quelques nappes de brouillard. La mer est couverte d'une pellicule de glace d'un demi-centimètre, c'est la neige qui a gelé en touchant l'eau de mer qui elle ne gèle pas. un peu d'animation pour aller enlever les 5 boutes (4 pour nous et un pour l'iceberg qui menaçait notre sommeil et qu'on avait ammarré avec une brioche à glace. Dernier au-revoir aux ukrainiens de la base (charmant apéro avec eux hier soir, mais ils préfèrent nettement le pinard au pastis) à la VHF, certains sont partis escalader le Mont Demerria, course de neige mais course alpine. Panorama époustouflant de la chaine de montagnes qui n'en finit pas sur la péninsule. Nous on pique vers les Lippman à 20 milles au sud mais on atteint nos limites au bout de deux heures. Beaucoup de houle, beaucoup de glace, le vent se lève, l'adrénaline aussi. Tant pis pour les Lippman en plus le mouillage aurait probablement été impossible avec la houle. On fait le tour de majestueux et énormes icebergs tabulaires qui créent une mer hachée remplie de bourguignons et de sarrasins (vite wiki). Au delà de cette limite notre ticket n'est plus valable, donc 65°23 S puis cap au Nord. Nous voilà à Petermann pour ce soir. Chauffage sans restriction, Vernadsky nous a donné 150 litres de gasoil. On ne sait plus où mettre les bidons mais on ne pouvait pas refuser. Bisdorionde. Ce mail allait partir... mais branle-bas les bourguignons attaquent, on ne sait pas d'où ils viennent, le mouillage se remplit, en moins de 10 minutes les deux boutes sont en vrac dans le cockpit, l'ancre peine à trouver son chemin entre les blocs mais le trouve et nous voilà repartis, à un noeud dans les glaçons pendant une demi-heure. On sera à pléneau (mouillage connu et sûr de sûr) dans deux heures. Si ça se trouve, on pouvait rester à Petermann sans risque et juste compter les chtonks toute la nuit mais on ne sait pas et on ne tente pas. Bisdorionde

-64.83;-63.49;03/02, Antarctique J16;Nuit tranquille à Pléneau (peu de chtonks). Petit déjeuner tranquille (il reste encore des pains de Port Williams, quel luxe). Navigation semi-tranquille (20 noeuds - beaucoup plus de glaçons qu'à la descente - mais vent du Sud, aurait-on de la chance ?) à la voile direction Port Lockroy.  On repasse par les incontournables de la Péninsule, le scintillement des icebergs de la Salpétrière, la ronde et enneigée Orionde du sud (pour les lecteurs assidus), l'enchantillement du Cap Renard et de ses voisins, le resto à baleines canal Peltier (elles sont aussi nombreuses à se gaver de krill que difficiles à photographier). Donc Port Lockroy, il y a longtemps une base scientifique, depuis vingt ans la Royal Post Office la plus australe, depuis un an complètement désertée. Mais le musée est ouvert, on ira tout à l'heure. Bisdorionde

-64.90;-62.86;04/02, Antarctique J17; De Port Lockroy à Paradise Bay, la bien nommée avec sa vue imprenable sur le Mont Francais et ses 2820 mètres. On y fait aussi des ronds dans l'eau et des photos devant un glacier cent fois plus grand, cent fois plus blanc, cent fois plus haut, cent fois plus ensoleillé que ceux de Patagonie. Nous sommes maintenant mouillés près de la base argentine Almirante Brown dans une petite anse un km au sud, entourée de murs de glace et neige qui ne vont pas nous inciter à faire une promenade jusqu'à la base dont on ne sait pas si elle est occupée ou non (pas ame qui vive aux jumelles). On a donc remonté ce matin tranquillement le début du Chenal Neumayer (qu'on avait descendu il y a quelques jours) et là bing, plein de glace sans qu'on sache d'où elle vient. Les chtonks deviennent plus graves (dans tous les sens du terme) quand la taille et la densité augmente. On a failli faire demi-tour et puis, Daniel, assis sur sa chaise de mat, pendu aux barres de flèche, nous a frayé un chemin. Bien trop tôt pour faire un bilan mais le froid (on n'est pas au Canada !), la navigation (on a des croquis et des traces de nos illustres prédécesseurs), le vent (les prévisions sont justes), les mouillages (avec ou sans boutes) sont tout à fait gérables quand tu cabotes en Antarctique. Par contre la glace, celle que tu dois traverser dans un chenal, celle qui t'arrive dessus au mouillage, celle que tu rencontres en mer et que tu ne vois pas à contre-jour, elle est totalement imprévisible. Ce n'est pas de la glace de mer (elle a quasi toute fondu ici, il faut descendre en baie Marguerite pour la trouver), ce ne sont pas les gros icebergs qui se voient de loin et qui s'échouent avant de te déranger, ce sont les petits morceaux que les innombrables petits et gros glaciers vêlent dans la mer, sans doute plus quand il y a de la houle et justement il y a trois jours une grosse houle a du causer des ravages. Quel bavardage ! A demain. Bisdorionde.

-64.54;-62.00;05/02, Antarctique J18; De Paradise Bay à Enterprise Island. Départ à 5 heures du mat mais réveil beaucoup plus tôt pour cause de chtonks (air connu). Une journée de voile avec 20 bons noeuds de vent dans la bonne direction comme on s'en souhaite à tous de nombreuses, un ciel qui s'éclaircit pour devenir franchement bleu, des hautes montagnes, des glaciers vomissants, des grands icebergs, pas trop de petits bouts gênants. Toujours personne à l'horizon, Code rouge est parti sur Déception à 100 milles au Nord, Kotick est encore en Baie Marguerite (regrets éternels d'Yves) à 150 milles au sud. On arrive à Enterprise Islands et on s'installe à couple d'une épave de baleinière qui a terminé sa carrière brulée et échouée dans cette petite baie magnifiquement protégée. Complètement à l'abri du vent, séance de bronzing dans le cockpit ! Seul ombre au tableau, le drone est toujours plein de buée et les photos inutilisables. Du vent est annoncé pour le week-end, on s'installe donc pour quelques jours, on sera moins bavards. Ensuite encore trois ou quatre mouillages sur la Péninsule Antarctique et on fera un petit saut de grosse puce vers les Iles Shetlands du Sud (Déception, Livingston, Roi Georges, etc), moins de hauts sommets mais plus de vie animale. Bisdorionde.

-64.56;-62.02;06/02, Antarctique J19; Enterprise. Nuit parfaite. Réveillés tard par les sternes qui nichent sur le haut de l'épave. Bon anniversaire Sarah (et Aristide un petit-fils de Daniel). On veut bien que vous cherchiez sur google des infos sur notre voisine. On croit juste (blogs de copain) savoir qu'elle s'appelle Governaren ou Guvernøren et quelle a brulé en 1915. Sur l'ilot voisin, on a vu des restes de baleinières en bois à quelques mètres au-dessus de l'eau, comment sont-elles arrivées là-haut ? Tsunami ?. Nous avons envoyé une photo du passage dans le Canal Neumayer. Si elle est également passé par nos petits tuyaux internet jusqu'à vous, on en enverra d'autres (pingouins, icebergs, montagnes, neige, etc etc). Bisdorionde.

-64.56;-62.02;07/02, Antarctique J20; Enterprise toujours mais on part demain. Au sujet de notre voisine rouillée, merci à nos googleuses qui ont trouvé son histoire sur https://explore.quarkexpeditions.com/blog et autres. Mais il y a deux versions pour l'incendie, l'une dit "le Gouvernoren veut faire une démonstration de la puissance des ses chaudières. Mais le résultat dépasse toutes les espérances et le navire prend feu. Le capitaine décide de l’échouer dans le creux des îlots. Les 85 membres d’équipage sont ainsi débarqués sur ce caillou glacé et sont sains et saufs." L'autre dit "As this particular 1915 whaling mission wrapped up, the crew threw a party (...) to celebrate the success of a long and laborious mission hunting and processing whales(...) Someone, perhaps while dancing too boisterously, knocked a lamp off a table and the ship caught fire. The Governoren was of course full of thousands of gallons of whale oil, ready and waiting to be hauled back to Norway. This oil fueled the fire, causing it to quickly grow out of control. (...) The captain set Governoren aground and the entire crew of 85 were able to escape." Va-t'en savoir ? Ce mouillage de Foyn Harbour était en tout cas un repaire de baleiniers, il reste  outre l'épave des bittes d'amarrage, des futs d'huile de baleine, des baleinières en bois, des pointes de harpon. il paraît qu'il reste aussi plein d'os de baleines au fond. Pas vus, pourtant on est allé tâter l'eau en arrivant il y a deux jours parce qu'on voyait un boute dépasser sous le bateau dans cette eau si claire. On croyait que c'était pris dans l'hélice. Donc combinaison-immersion-mêmepasfroid. Ce n'était pas dans l'hélice mais dans l'évacuation du cockpit mais on est rassuré. On en a profité pour mettre un coup de ventouse sur le passe-coque de la cuve à eaux noires bouchée et Yves a échappé de peu au champignon atomique inversé qui en est brutalement sorti. Bisdorionde.

-64.50;-61.77;08/02, Antarctique J21; Toute petite étape aujourd'hui, d'Enterprise à Portal Point, 5 milles, au moteur. Rien de bien spécial, pas d'anecdote croustillante, pas de superlatif pour le paysage, le temps ou la mer, pas d'animaux exotiques, pas de glaçon entreprenant. Juste à noter que nous sommes sur le continent antarctique, ce n'est que la seconde fois après Paradise bay. On pourrait marcher jusqu'en Terre Adélie. La plupart du temps, nous sommes sur une des innombrables (voici quand même un superlatif) iles de cette péninsule. Mais rien n'est perdu, nous partons en promenade, avec la VHF, l'Iridium, la combinaison de survie et un gonfleur pour l'annexe, c'est dire si nos chances de revenir sont minces. A demain, peut-être. Bisdorionde.

-63.91;-60.80;09/02, Antarctique J22; réveil à 4 heures du matin (si si !), à 4h 30 (si si !) les quatre boutes sont sur le pont, l'ancre à poste et nous sommes en route vers l'ile Trinity et Port Mikkelsen, à presque 50 milles au NE. Ce sera notre dernière étape dans le péninsule mais on risque d'y rester trois ou quatre jours vu la météo qui s'annonce. Pas de tempête prévue mais du vent fort et nord et neigeux. Excellente navigation voile et moteur, soleil et nuages. On passe juste à côté de ce qui est et sera peut-être notre plus grand iceberg. Mais on n'a pas toujours de la chance... Une heure avant l'arrivée, le vent se lève, le brouillard se met de la partie. Heureusement on a le point de mouillage de Jon (Zephyros) : il suffit de relever la dérive pour passer la barre dit-il. Oui mais on voit rien au fond avec le gris et les moutons, alors on essaye, on touche, on recule, on mouille deux fois sans accrocher, on s'en va dans un autre coin moins glamour car plus loin de la côte, plus profond et avec plus de fetch. On décidera tout à l'heure si on réessaye ou si on reste ici. Bisdorionde.

-63.89;-60.82;10/02, Antarctique J23; toujours Trinity Island, toujours Port Mikkelsen, toujours au même endroit. Finalement on ne va pas réessayer de rentrer dans le simili lagon de l'autre côté de la moraine. Ce serait plus calme et plus à l'abri des glaçons mais il y a le risque de se faire piéger dedans si le vent souffle fort et que le fond soit rocheux et de mauvaise tenue. Temps maussade, couvert et pluvieux. On attend en espérant ne pas avoir mangé tout notre bon pain. Puzzles, mots croisés, rangements, lecture, classement de photos, etc. Voici le truc de Daniel pour voir directement notre position sur la carte google (satellite) : https://maps.google.com?q=-63.89,-60.82&entry=gps. Bisdorionde.

-64.10;-61.20;11/02, Antarctique J24; Il se passe toujours quelque chose... hier balade en dinghy sur le lointain (pour notre petit 4CV) ilot avec la hutte argentine fermée et avec les innombrables pingouins papous. Les petits sont devenus presque aussi grands que les parents mais se reconnaissent facilement, ils sont degueulasses vu qu'ils perdent leur duvet et qu'ils pataugent dns leur merde et qu'ils ne sont pas encore allés à l'eau. Ils se rassemblent en crèches piaillantes et désopilantes. Sur l'ilot aussi une montagne d'ossements de baleine, on aurait bien ramené quelques tabourets mais la cheffe d'expédition a dit non. Et en passant devant l'ilot, on a vu un léopard des mers coursant un pingouin, il y a certainement un orphelin. Ce matin réunion d'état-major, on a mal dormi avec le vent et le clapot dans cette baie trop ouverte. Et samedi c'est beaucoup plus fort. Donc on décide de revenir à Enterprise où l'on se sait en sécurité, attachés à l'épave. Donc on remonte les 70 mètres de chaine et l'ancre qui remonte bien trop facilement pour avoir croché honnêtement. Le vent est bien là mais dans le dos, trois ris dans la GV et pas de foc, on avance à 7, 8 ou 9 noeuds. Il reste 30 milles, on y sera vers 19h00. Bisdorionde.

-64.55;-62.00;12/02, Antarctique J25; Nous voilà revenus à Enterprise hier soir après la cavalcade en redescendant le Gerlache. C'était difficile de faire le tri entre les growlers et les moutons mais les seconds étaient beaucoup plus nombreux. Bien contents d'avoir quitté notre piège de Trinity, on va laisser passer le coup de vent du we bien à l'abri de l'épave, même pas sûr qu'on mette le nez dehors, il neigeote et ventote. Bisdorionde.

-64.55;-62.00;13/02, Antarctique J26; pluie neige vent... comme à Grenoble comme à Paris, pas mis le nez dehors sauf pour mettre une septième amarre qui rassure Yves. On espère convaincre le quatrième larron de se mettre à la coinche, de mettre le troisième larron à faire un gâteau au chocolat, de persuader le second larron de mettre le chauffage et d'empêcher le premier larron de finir les mots croisés. Bisdorionde.

-64.15;-61.73;14/02, Antarctique J27; 7 heures, allez on se bouge, même si c'est gris et qu'il semble y avoir du vent. Bonne pioche, une heure plus tard nous sommes sur une mer plate et un ciel se dégageant. On croise trois baleines à quelques mètres, cette fois-ci c'est dans la boite. Cap sur l'ile Two Hummocks à 25 milles, donc avec deux sommets jumeaux de presque 1000 mètres, le reste de l'ile c'est un seul et unique glacier qui descend vomir (ou vêler si on préfère) de tous les côtés dans la mer. C'est un coin moins fréquenté mais on a quand même un croquis. Mouillage puis cul au vent avec deux boutes vers un minuscule ilot, désolé pour les phoques qu'on y a dérangé, on a beaucoup tourné avant de trouver un caillou qui veuille bien retenir l'élingue. C'est magnifique, c'est peut-être le plus beau de nos mouillages. Le hic ce sont les chutes de sérac à 300 mètres derrière le bateau qui font un barouf impressionnant, une petite vague et puis plein de glaçons. C'est pas gagné que la nuit soit tranquille tranquille mais on est bien content d'être ici (https://maps.google.com?q=-64.15,-61.73&entry=gps). Bisdorionde.

-64.35;-62.97;15/02, Antarctique J28; Sacrée journée de merde. Pluie, neige et vent dans le pif. On sera à Melchior dans deux heures, on sera plus bavards demain. Bisdorionde.

-64.32;-62.92;16/02, Antarctique J29; On est bien arrivé hier soir à Melchior, bien trempés mais on est bien amarrés, c'est un des meilleurs mouillages de la péninsule. Aujourd'hui toujours toujours vent, pluie, neige. On a l'impression qu'il est temps que l'on quitte cette zone parfois formidable mais parfois avec un temps vraiment à pas mettre un grenoblois dehors. Alors on a une petite fenêtre demain, et on va la prendre. On pensait qu'elle serait pour un peu plus tard, mais non. Il faut savoir se plier aux caprices de la météo. Alors bien sûr vous nous souhaitez bon vent, même si on sera au prés serré serré les deux premiers jours. Bisdorionde.

-63.83;-63.65;17/02, Drake retour J1; Voilà le beau voyage en Antarctique se termine, on a quitté Melchior ce matin. Beau travail d'équipe, en une heure, tout était prêt, boutes roulés serrés, annexe dégonflée et rangée sous le carré, placards et coffres vissés. Magnifique iceberg à la sortie, c'est probablement le dernier mais il faudra quand même veiller jusqu'à la convergence. Le vent devrait rester calme et contraire les premières heures, donc moteur. D'ailleurs ça tombe bien, il faut charger les batteries. Ce matin le chauffage n'a pas voulu démarrer et renseignement pris sur le code d'erreur, c'était batterie faible, peut-être que quelqu'un (pas de délation sur Orionde) a laissé la centrale de navigation allumée toute la nuit. On va profiter du Drake se remémorer quelques grands moments d'Antarctique. Aujourd'hui les baleines. On voit surtout des baleines à bosses (humpack whales), grandes comme le bateau, paisibles et majestueuses, qui sont aux orques ce que les vaches sont aux buffles. On en voit de loin presque tout le temps, un souffle, un dos, une queue, on en voit de près souvent, on ne les dérange pas dans leur festin de krill, tout juste si elles sondent pour se faire photographier la queue quand on s'approche. On en a vu de tout tout près une ou deux fois par exemple en allant à Two Hummock Island il y a trois jours, un troupeau est passé tranquillement à 5 mètres du bateau, soufflant et grognant. On en a vu de trop près une fois et ça a fait boum. Le coeur s'arrête pour ceux qui sont en bas (caillou ? growler ?), ceux qui sont en haut voient le dos de la baleine qui s'éloigne. On ne pense pas lui avoir fait trop mal. Pour ceux qui connaissent nos vieilles histoires de baleines tamponneuses, cela fait froid dans le dos rétrospectivement. Bisdorionde.

-62.25;-65.87;18/02, Drake retour J2; On remonte doucement, le vent n'est pas favorable, on ne peut pas gagner à tous les coups, le Drake aller était exceptionnellement paisible. Le près serré conduit tout le monde à la position horizontale et pas question de partager une couchette. Mais on remonte, c'est l'essentiel. Un petit coup de chauffage de temps en temps (c'est la première fois qu'on l'utilise en mer, ma foi ça marche et ça chauffe). L'antarctique..., on pourrait parler de l'inhospitalité des lieux ou de l'hospitalité dans les bases, de la glace sous toutes ses formes ou des formes que prend la glace, des pingouins qui sont pas manchots ou des phoques qui le sont (à terre), du tourisme de peu de masse en temps de covid, etc etc mais faut croire qu'on est encore un peu barbouillés, nous allons procrastiner et siester. Bisdorionde.

-62.19;-65.59;19/02, Drake retour J3; Voilà, on a fait pile poil la moitié, 260 milles. Voilà, on a repassé la convergence entre les eaux froides atlantico-pacifique et les eaux très froides de l'océan austral. la probabilité de rencontrer un iceberg baladeur était très faible maintenant elle est quasi-nulle, on dormira mieux. La prochaine fois on aura un radar... radar qu'on aurait du avoir puisque Philippe aurait du l'amener en novembre...Voilà, il fait treize degrés dans le bateau, du jamais vu depuis un bon mois. Voilà, encore 24 heures de vent contraires, une petite aile de mouette et ensuite ce sera portant jusqu'au bout, fort mais pas trop fort. Pour les non-initiés, l'aile de mouette, c'est la trace du bateau sur la carte quand le vent tourne au passage d'une dépression et qu'on ne peut pas faire route directe vers l'objectif. Et nous l'objectif, c'est le Cap Horn, de loin, puis l'ile Lennox où l'on pourra dormir tranquilles. Tranquilles pour le vent mais on recommencera à parler masques, PCR, quarantaine, enfin vous connaissez! Bisdorionde.

-58.15;-66.62;20/02, Drake retour J4; L'équipage reprend du poil de la bête, la guerre n'a pas eu lieu. Le front rafaleux annoncé qui nous faisait un peu peur s'est dégonflé et le vent passe petit à petit dans la bonne direction, le Sud-Ouest. Il y en aura trop pour aller jouer autour du Cap Horn, dommage mais heureusement qu'on avait fait le détour à l'aller. Faudra aussi qu'on prenne un peu de vitamine D parce que depuis Melchior les séjours à l'extérieur ont été réduits au strict minimum des prises et largages de ris, on ne sait même pas si les albatros et les damiers du Cap sont là ! Bisdorionde.

-55.63;-67.13;21/02, Drake retour J5; Circulez il n'y a plus rien à lire. C'est notre dernier mail quotidien. Les deux Drake les doigts dans le nez mais avec les fesses bien serrées. Quatre semaines de mouillages sans voir de vert, sans âme qui vive, sans une avarie, sans la moindre tension entre nous quatre, sans un manquement à l'apéro, sans une journée qui n'ait son moment grandiose... Allez, on est quand même un peu fiers du beau voyage d'Orionde en Antarctique. Arrivée au petit matin devant le Horn, toujours aussi majestueux. On a eu de la chance de le revoir aussi bien avec ses cathédrales en arrivant en plein dans son Sud, nous avons contourné sa pointe E, par un temps certes gris, mais avec albatros de rigueur, et même cormorans, dauphins, otaries, orques et baleines au rendez-vous. On y serait bien restés un peu plus, mais la dépression prévue pour ce soir et demain nous incite à chercher un bon abri sous le vent de l'île Lennox. Bisdorionde.