Vanuatu, deuxième tour

Vanuatu, saison 2, un petit tour aux Banks et puis s'en reviennent. On aura zappé les Torres tout au nord, mais c'aurait été encore 100 milles à remonter pour redescendre (on aura compris), on aura zappé Ambae, mais l'ile a été évacuée il y a trois mois pour cause d'éruption, on aura zappé Ambrym mais ce n'est que partie remise, on y reviendra avec Pascale en Octobre.

Un mois de cabotage réussi, bien qu'on eut aimé un peu plus de soleil et un peu moins de vent. On raconte avec comme fil conducteur les personnes marquantes ici et là.




Les photos sont là : https://photos.app.goo.gl/6YW6k9KXsNftjumP8

Quelques ressources :
Le mémoire de Katrine sur Ureparapara : https://www.duo.uio.no/bitstream/handle/10852/64591/BRUNVOLL_UREPARAPARA.pdf

Le manuel de Bislama du Peace Corps : https://moet.gov.vu/docs/textbooks/Peace%20Corps%20Bislama%20Handbook_2014.pdf

La vidéo de Thalassa sur le Vanuatu :  https://www.youtube.com/watch?v=xNhTvwl94a4

Viviane et Charlot sur Efate


Viviane c'est l'instit de Eratap à 30 km de Vila qui nous avait si gentiment invités avec Sarah & co. Ils sont venus passer une après-midi au bateau en famille et tout le mouillage a profité des tentatives sonores de leurs enfants à diriger le dinghy à la rame. Viviane est originaire de l'ile de Pentecôte et à Vila leur quartier, c'est "simbolo redlight", nommé ainsi parce que s'y trouvent les feux rouges aériens ! Le dimanche elle nous y a emmenés, c'était à la fois le baptême d'une dizaine d'enfants et l'inauguration de l'église et c'était la grande fête avec longue messe célébrée par l'évêque, force danses coutumières (une troupe de danseurs était venue pour l'occasion depuis Melsissi à Pentecôte) et bien sûr grande bouffe (entre autres le laplap de Carmel la maman de Viviane). Le laplap, c'est du taro râpé puis cuit sous les pierres dans les feuilles de bananier et surmonté de crème de coco., délicieux.


 Et Charlot, Charlot Salwai de son nom complet, originaire lui aussi de Pentecôte et premier ministre de son état, y a passé toute la journée !
 

 

 



Lydia et Lensam sur Epi

Lydia on en a déjà parlé, c'est une amie de Yovo qui nous l'avait chaudement recommandée. On avait passé dans sa maison un repas et une après midi bien sympa avec Sarah et Aurélien.
On s'est arrangé avec Yovo pour s'acheter un petit coin au paradis un jour en amenant ici des panneaux solaires avec les batteries et le régulateur qui vont avec. Débarquement olé olé en trois voyages de dinghy, transport à dos d'homme ou en brouette jusqu'à la maison. Les panneaux sont posés sur le toit de la hutte cuisine, les fils sont branchés sans trop se tromper... Et ça marche, le congélo du fiston, branché sur les batteries, fonctionne ! Bon, dans un premier temps c'est juste pour de l'eau fraiche, mais on espère bien que Lydia pourra faire un petit business en achetant un veau et en le vendant congelé par morceau, en vendant de la glace aux pêcheurs pour conserver le poisson ou en faisant des "mister freeze" pour les gamins. A coups de 20 vatus (= 20 centimes) par ci par la, on subvient à quelques besoins, le principal étant malheureusement le cher kava qui agit comme un anxiolytique. "Je prend un shell de 100 vatus et après je dors bien", dit Lydia dont la vie est compliquée avec encore des enfants à l'école (payante après le primaire !) et sans son mari Jeffrey, le copain des Yovos qui est mort il y a bientôt deux ans.

Lensam c'est le fils de Lydia, on a bien sympathisé. Lui a choisi de s'expatrier en Nouvelle-Zélande 7 mois par an pour y ramasser les pommes et autres fruits et ramener un peu d'argent au pays et construire la maison pour sa famille. Entre l'agent qui prend sa dime, l'état qui prend son impôt, il ne revient pas avec plus de 4000 euros, ce n'est pas ça qui va révolutionner sa vie. Lui et ses frères gagnent un peu d'argent en découpant des planches à la tronçonneuse et il rêve d'acheter une scierie portative !


 

 

 





Rock et Noëlla sur Malekula
Sur Malekula à Port Sandwich, comme sur beaucoup d'iles, il y a un Yacht Club,... enfin une famille qui a sa maison sur la plage et qui fait un peu de commerce avec les bateaux de passage. Ici, dans ce magnifique trou à cyclone, C'est Rock et Noëlla depuis vingt ans mais dont la mémoire des noms est exceptionnelle. Rock l'intello (et ancien instit) qui, sans être jamais sorti de son ile de Malakula, discute aussi bien de la politique de Macron que de l'avenir de la station spatiale internationale (on lui laissera "Sapiens" en souvenir). Noëlla la jardinière qui fait pousser toutes sortes de légumes et les offre si gentiment. Elle fait un peu de commerce avec son magasin et lui avec son eau. Ils sont touchants, il ne faut pas rater cette escale. L'activité principale quand il pleut (il a beaucoup beaucoup plu pendant ce mois de Septembre) consiste à refaire le monde assis à la table de Rock et Noëlla, en sirotant sa tasse de thé. Mais on peut aussi faire de grandes balades, aller voir les dugongs, voir des danses coutumières, etc.

Et Il y a plein d'autres mouillages à Malekula, ce sera pour la prochaine fois quand on remontera avec Pascale... et promis on fera des photos.



Et aussi à Malekula :
Début Septembre nous avons été à la messe à Lamap, dans la grande église dédiée au révérend père Pierre Chanel, celui là-même qui a "oeuvré" à Futuna, mais qui ne serait jamais venu jusqu'à Malicolo (au fait Malicolo c'est le nom francophone et Malekula c'est le nom anglophone !) au Vanuatu.... Les chants étaient beaux mais un peu tristes, leurs paroles étaient projetées sur écran, ça a permis à Yves de s'entraîner au bislama*. On y reviendra, ne serait-ce que pour visiter l'hôpital de Lamap et discuter avec Suzy, infirmière US en poste là depuis déjà un an. L'habitat est très joli ici aussi, le tressage des bambous est souvent fait avec des motifs géométriques particuliers, et des bambous colorés (peints), ainsi que des fenêtres "design" en moucharabieh.
Quelques marches à pied, dont l'une assez longue vers la baie Gaspard, ont eu raison du genou de Yves qui avait déjà commencé à flancher dans les Banks.
* Le bislama c'est la langue commune entre les nivans, car sinon il y a plus d'une centaine de langues-dialectes différentes ici au Vanuatu. Le bislama cest le plus souvent de l'anglais phonétique, par exemple la mer se dit "solwota" (ou eau salée), je veux acheter du pain se dit "mi wantem pem bred", est-ce que vous pouvez m'aider se dit "yu save helpem mi, plis ?", etc.... Yves a été tenace pour en apprendre les rudiments, notamment grâce à un document papier de "Peace Corps" prêté par Noella. Son effort surprend beaucoup les nivans, et les fait rigoler, il faut vraiment qu'ils parlent doucement pour la compréhension, mais pour nous c'est bien et plus facile à comprendre les phrases en bislama faites par Yves.


Carole et Daniel sur Santo
Carole et Daniel, ce sont les Folligou, un bateau en alu de chez nous. On se suit depuis Tobago dans les Antilles mais c'est la première fois qu'on va vraiment naviguer ensemble et ce sera parfaitement réussi. Ils sont arrivés fin Aout à Port Vila et ont cravaché pour nous retrouver, à Hog Harbour sur l'ile de Santo donc où on les attendait. Une bonne quinzaine de jours ensuite à découvrir Santo et les Banks, à refaire le monde et les bateaux, à rivaliser de ponche et de caipirinha, à partager les découvertes et les rencontres.

   

Et aussi à Santo :
Santo est une île qui nous a semblé la plus riche du Vanuatu après Efate, il y a une route goudronnée qui parcourt toute sa côte Est donc il n'y a aucun problème d'approvisionnement puisqu'on trouve tout à Luganville. Il y a beaucoup beaucoup de bétail, certains champs sont "à vache", d'autre "à taureaux". Et c'est là qu'on a vu le plus grand nombre de resorts pour touristes. Sa plus grande ville donc, Luganville et ses 13000 habitants, ne présente guère d'autre intérêt que de pouvoir y faire du ravitaillement, et d'en profiter pour voir le paysage terrestre en y allant. Les activités à touriste y sont souvent payantes, comme le bluehole à Matuvulu que son propriétaire, un nivan, entretient tout à fait correctement, ou l’îlot Dany près du reef de Oyster pour y snorkeler dont le propriétaire (un jeune australien) a confié la gestion à un couple de jeunes nivans, qui l'entretient aussi très bien. Les mouillages sur cette côte Est sont des bons mouillages, bien abrités de la houle et du vent, avec un village et un ou deux resorts à chaque fois le plus souvent. On en profite pour manger quelques fois dans ces resorts, notamment du très bon poisson poulet (vivaneau à la queue rouge effilée) ou des excellents steaks de boeuf du Vanuatu, histoire de varier un peu après l'énorme langouste que des pêcheurs nous ont proposée à Hog Harbour. En plus on trouve souvent du pain que l'on va acheter directement chez le boulanger du village. Donc à Santo, vous l'aurez compris, la vie des nivans est plus aisée qu'ailleurs, et la vie pour les yachties y est plus facile, par contre nous n'avons pas fait de rencontre spéciale avec l'un ou l'autre des nivans rencontrés.


Thomson et Katrine sur Ureparapara
Ureparapara, au nord des Banks, est un des bouts du monde. Pas d'aéroport, l'iîe la plus proche est à 25 milles. Le cargo amène des denrées de temps en temps et rembarque le coprah mais là pas de passage depuis plusieurs mois. Quelques voiliers,  un cruiser deux fois l'an. 500 personnes sur l'ile dont 200 dans le village au fond de la baie où l'on mouille. Autant dire que le dénuement est au rendez-vous. Le Vanuatu, ce n'est sans doute pas le pays le plus malheureux mais certainement le plus démuni qu'on ait croisé depuis notre départ de France. Et Ureparapara tient le pompon. Le voilier de passage, c'est le gros lot pour qui s'en attirera les faveurs (torches, piles, cordes, essence, habits, ...) et certains à ce jeu sont plus forts (ou plus perso) que d'autres. On est content d'y avoir rencontré Thomson, le seul francophone de l'ile ou presque, pas quémandeur du tout sinon d'amitié et de sourires, on est content de lui avoir laissé la lampe/radio/chargeur solaire qu'on avait acheté aux Fidji. Et lui, il est ravi de nous amener un énorme régime de bananes et ravi de rigoler à nous voir (nous = Daniel et Yves) boire sans trop apprécier nos "shells" de kava.

Katrine, on ne l'a pas rencontrée. C'est une norvégienne qui était venue faire son mémoire de master d'anthropologie pendant 6 mois l'an dernier. On a servi de go-between entre elle et les villageois pour donner des nouvelles des uns aux autres. Et on en a profité pour lire son mémoire qu'elle a bien voulu nous envoyer et pour ceux que cela intéresse, il est là.

Pour tordre le cou à une idée fausse, si le Vanuatu reste très très attaché à ses coutumes (kastom), le temps n'est plus où les villageois se baladaient en étui pénien pour les uns et avec quelques feuilles de pandanus autour des hanches pour les unes. Il paraît qu'il reste quelques irréductibles dans les montagnes de certaines îles (on en a vu un en plein centre de Luganville !) mais maintenant tout le monde a adopté, avec ses moyens financiers, le train de vie occidental. Et il y a plus, même à Ureparapara où le réseau est insignifiant et seulement en haut de la montagne, de téléphones portables que de foyers.

Et ce n'est que pour perpétrer la tradition et inévitablement pour le tourisme que l'on ressort les tenues d'antan et que l'on danse. On aura eu droit à notre danse des chapeaux, jolie à défaut d'être vraiment authentique.


 

 


Et aussi à Ureparapara
Malgré l'isolement de l'île l'habitat est plutôt soigné, joli et parfois très original comme cette maison à deux étages.
On a voulu aller au sommet de la montagne, mais comme Thomson était parti à la pêche au gros sur le catamaran Katoum de Pépé (pas de chance pour nous), c'est un jeune fils adoptif du chef Nicholson qui nous a accompagné comme guide. Chemin plutôt facile pour aller jusqu'à l'abri en milieu de pente, d'où il y a déjà une belle vue sur la baie en fer à cheval. Et puis le chemin devient très mauvais ou inexistant même (ou bien n'a-t-on pas su le trouver ??), et nous devons faire demi-tour, un peu déçus de n'avoir pas atteint la cime, à la fois pour le réseau Internet mais surtout pour la vue bien sûr.
La visite de l'école a été un moment sympathique aussi, avec un directeur très performant et des élèves bien sages et studieux. Le jardin d'enfants était tout neuf, et le toboggan de construction artisanale faisait la joie de la dizaine d'enfants présents. Tout comme l'école secondaire le jardin d'enfants est payant au Vanuatu, mais pas très cher (1000 v par enfant par trimestre), il n'y a que l'école primaire qui soit gratuite.
Nous avons pu échanger aussi avec le faisant fonction d'infirmier au poste de santé, comme il le dit lui-même sa connaissance théorique n'est pas très grande, mais il a une bonne expérience pratique. C'est lui qui gère par exemple les accouchements difficiles quand la sage-femme traditionnelle fait face à une situation délicate. Vu l'isolement de l'île l'évacuation sanitaire en urgence reste compliquée voire impossible : il faut d'abord aller au milieu de la baie pour capter du réseau et prévenir, puis attendre plusieurs heures avant qu'un bateau puisse venir de Vanua Lava, et en sachant que le coût de ce transport devra être assuré par la famille du malade. L'infirmier regrette la trop grande attirance des nivans pour la médecine traditionnelle, et s'interroge sur les décès peut-être trop précoces des personnes âgées.

   

   




Nixon et Koten sur Vanua Lava
Vanua Lava, c'est la "grande" ile des Banks avec Sola, une bourgade où ceux qui continuent vers le détroit de Torrès peuvent faire leur sortie du Vanuatu. Le mouillage y est paraît-il exécrablement rouleur et on évitera. Donc à Vanua Lava, on aura fréquenté le mouillage dit de Waterfall parce que justement, il y a une cascade ou plutôt deux cascades jumelles dans lesquelles il fait bon se baigner. Aussitôt mouillés, les pirogues affluent pour vendre/échanger quelques légumes. Nixon le pasteur et Koten le presque chef sont dans le peloton de tête. L'un ira nous chercher des langoustes le soir puis nous emmènera voir des pétroglyphes dans une baie cachée, l'autre nous amènera des crevettes d'eau douce et nous fera visiter son village et ses cascades.

Ambiance assez différente de celle d'Ureparapara, avec semble-t-il moins de jalousie et/ou de monopole du pouvoir entre chefs, les au-revoir avec Nixon et Koten ont été assez sincères et émouvants, Nixon nous ayant même tenu à nous pousser la chansonnette.



   

   


Robert, George et Mark sur Gaua
L'anse de Losalava au nord de Gaua est bien protégée, tant mieux. Robert y tient le yacht club, il parle français, tant mieux. Sa fille fait de la watermusic, tant mieux. La watermusic, ce sont une dizaine de filles qui frappent l'eau par en dessus et par en dessous et qui en tirent des sonorités surprenantes. Certaines sont même allées en Europe, sur invitation de l'Espagne, pour exercer leur talent, parait-il unique. On en a bien profité. Dommage le temps n'était pas souriant, et nous n'avons pas pu tester le snorkeling sur les reefs qui protègent le mouillage.

En marchant un peu vers l'ouest on tombe sur la maison de Georges, un sculpteur dont le matériau favori est le tronc de fougère arborescente. On fait l'acquisition (faut bien une justification, ce sera donc l'anniversaire de Yves) d'une magnifique statue qui trône désormais sur la dérive d'Orionde, et que l'on a bien entendu nommée Georges. Mais Georges aura du mal, dans quelques mois, à convaincre les douaniers néozélandais qu'il n'est pas dangereux pour la biodiversité de la Nouvelle-Zélande. Si il ne rentre pas dans le sac de voyage de Pascale, probable qu'il finira sur le bucher.

En marchant assez longtemps vers l'est (vers l'aéroport) on tombe sur Mark, le flying doctor. Cela fait 13 ans que ce médecin / pilote / adventiste / australo-zimbabwéen soigne et opère, bien entendu gratuitement, les blessés et malades qu'il va chercher sur toutes les îles et ilôts du coin (Mais pas Ureparapara, car pas de piste d'atterrissage possible) avec son petit avion équipé de roues immenses pour absorber le choc des pierres dont sont faites les pistes d'atterrissage... Il y a un reportage de Thalassa qui lui est consacré en partie et qui est à voir.


 

   


Mary, Matthew et Jeffrey sur Pentecôte
Trop court l'arrêt à Loltong au Nord de Pentecôte. Mais la météo en aura décidé autrement et on filera au bout de deux jours sur l'abri sûr de Port Sandwich. Mais on en aura bien profité, grâce à :

Mary et Matthew, qui reconstruisent leur "yacht club" emporté par les dernières pluies torrentielles. Coïncidence, Mary est la cousine de Viviane, voir plus haut. Alors elle sera enchantée de voir, sur le home cinéma (si si !!) d'Orionde, les vidéos de la fête du baptême à simbolo redlight. Mary est une tisseuse hors pair et comme on a réparé le bateau de Matthew à grand coups d'epoxy, on repartira avec deux magnifiques nattes teintes en rouge que les femmes portent sur l'épaule et autour des hanches lors des danses coutumières.

Jeffrey, qui nous aura fait une démonstration de sandroing (pour sand drawing), cet art du Vanuatu qui consiste à raconter des histoires en dessinant sur le sable des figures éphémères sans lever le doigt. On aura eu droit à La grande pirogue, la planche à kava de dieu, la femme-caillou, le rocher du diable et la colombe du Christ (à reconnaitre ci-dessous !). Petite remarque, ce n'est pas sur le sable de la plage que Jeffrey aura dessiné mais dans sa hutte-cuisine, sur des cendres presqu'encore chaudes.