Les Fidji en juin

Traversée en 48 heures depuis Futuna, temps et donc humeur mitigés s'il en est, on aura fait la moitié au moteur.

Mais nous voilà aux Fidji. On a le mois de juin pour arpenter le Nord et l'Est avant de piquer sur le Sud et l'Ouest accueillir la petite famille en Juillet.

Aux Fidji, on retrouve l'ambiance des pays un peu encore "en développement" : légumes vendus par petits monticules au marché, effervescence d'enfer à la gare routière, magasins pleins de gadgets plastiques, pas de passage piétons, ... et l'accueil qui, sans être au niveau polynésien, est quand même très très bien.

On dit Bula, Mozé, Vinaka, Sota talé, Mataka, Koro pour Bonjour, Au revoir, Merci, à bientôt, Demain, Village.

On va raconter ile par ile, à quatre mains comme d'hab. Bon les iles il y en a 300, on en fera que quelques-unes bien entendu.

Le "protocole" sevusevu / kava du Pacifique Ouest (depuis Wallis & Futuna) relève de la coutume et des traditions anciennes de présentation lors de la visite d'étrangers.
Le kava est une plante dont les racines une fois pilées se boivent en infusion froide, il coûte très cher, 50 Euros le kilo de racines, et un kilo vaut pour du kava pour une soirée pour environ 10 personnes. Cela permet à beaucoup d'habitants des îles un certain revenu économique grâce à leurs plantations de kava.
Le sevusevu est le mot fidjien pour désigner le protocole de la coutume d'offrande du kava au chef du village par le visiteur étranger. Il y a un certain formalisme dans la tenue vestimentaire "exigée" et la façon de s'asseoir.
Cela peut être commercial parfois, mais cela présente aussi quelques charmes et bons côtés.
1) le respect que cela représente pour les habitants des villages visités, notamment les chefs de village qui nous donnent l'autorisation de visiter leurs terres et de causer avec eux,
2) l'échange oral avec le chef du village peut durer un moment et être intéressant, il s'agit en gros de se présenter les uns les autres, et de dire ce que nous venons faire chez eux (what's your plans)
3) pour certains la boisson kava a un éventuel effet euphorisant ou de type "zen attitude". C'est presque comme prendre un petit verre ensemble, et cela se fait en fin de journée seulement.


Latitude
Longitude
Ile
Mouillage
Pristine water
 Superb scenery
 No Worry anchorage
 Warm welcoming
16°46,69S
179°19,85E
Vanua Levu
Waitui Marina
0/5
1/5
5/5
2/5
16°25,8S
179°56,56W
Rabi
Kathrin Bay
0/5
2/5
5/5
3/5
16°25,8S
179°56,31W
Rabi
Albert Cove
3/5
3/5
3/5
3/5
16°29,80S
179°40,93W
Budd Reef
Maqewa
4/5
3/5
2/5
2/5
16°43,83S
179°44,63W
Matagi
Horseshoe Bay
3/5
5/5
3/5
4/5
16°45,84S
179°46,87W
Qamea
Naiivivi Bay
0/5
2/5
5/5
3/5
17°10,63S
179°00,90W
Vanua Balavu
Bay of Islands
2/5
5/5
5/5
-/5
17°13,28S
178°57,94W
Vanua Balavu
Daliconi
1/5
1/5
2/5
4/5
17°14,23
178°58,05W
Vanua Balavu
Malaka
0/5
1/5
3/5
4/5
18°53,30S
178°27,78E
Ono
Nabuwalu
0/5
2/5
3/5
3/5
18°51,63S
178°31,0E
Ono
Vurulevu
4/5
3/5
2/5
4/5
18°58,91S
178°25,14E
Kadavu
Kavala
0/5
2/5
4/5
4/5
18°58,37S
178°16,50E
Kadavu
Daku
0/5
2/5
4/5
-/5
19°02,81S
178°09,45E
Kadavu
Vunisea
0/5
2/5
4/5
2/5
 

Vanua Levu

L'île "secondaire" du Nord, 140 000 habitants tout de même, moins besogneuse et plus tranquille que Viti Levu. Savusavu la petite ville côtière de sa côte sud accueille beaucoup de plaisanciers (avec deux marinas et un yacht club), sur des corps-morts le plus souvent. Le sol volcanique est une particularité de cette baie, toujours actif avec des sources d'eau chaude bouillonnantes et des fumerolles en plusieurs endroits, les habitants s'en servant même pour cuire poulets et gâteaux. Beaucoup de supermarchés, un marché conséquent, et on y trouve presque tout. On y achètera même un baby relax pour la petite Zoé, à suivre si sa qualité lui permettra de tenir les 4 semaines avec nous ...

Beaucoup de sourire et de gaieté chez les habitants, malgré le grand nombre de yachties ils restent curieux et aiment bien papoter avec nous, toujours prêts à aider quand ils le peuvent. Le cruising permit est obtenu sans problème, c'est un document écrit en fidjien qui nous sert de recommandation officielle (nous sommes en règle et "propres sur nous") pour pouvoir visiter les différents villages et petites îles.

Pour quelques jours on reprend goût à la vie dans les marinas, on retrouve des voiliers déjà rencontrés (Kalliope, She shan) et on en rencontre des nouveaux (Celuann), on boit des bières ensemble, on prend des douches chaudes, on mange dans des petits restau sympas, la vie est pas chère ici, sauf la bière (et le kava).

On fera une excursion en bus/minibus vers Labasa la ville principale de Vanua Levu, route escarpée, beaucoup de forêt dans la montagne, et des plantations de canne çà sucre en descendant dans les plaines du Nord. La ville de Labasa est bruyante, poussiéreuse et besogneuse, pas beaucoup d'intérêt, c'est surtout le paysage et trajet qui valaient la peine.

Rabi




Bizarre mais cette première petite ile n'est presque pas Fidjienne. Elle est habitée par un millier de banabans. Les banabans viennent de Banaba. Cela ne vous dit rien ? Pourtant c'est simple Banaba est une des iles Kiribati. Toujours rien ? Les iles Kiribati sont en Micronésie de part et d'autre de l'équateur et de part et d'autre de la ligne de changement de date.
Et les Kiribati ont eu leur heure de gloire pendant la ww2, occupés tour à tour par les japonais et les américains. Pas de chance pour Banaba, il y a (il y avait) des phosphates et la surexploitation a rendu leur ile inhabitable... Donc les voilà à Rabi.
On parle donc Banaban à Rabi, et on a du réapprendre les mots magiques Mauri, Sapo, Koraba, Kaitipo, Nigabong = Bonjour, Au revoir, Merci, A Bientôt, Demain.

Moné nous a fait boire notre premier kava sur le bateau et nous a  baladé dans son village de Buakonikai, au fond de Kathrin Bay. Ici plus qu'ailleurs, on mixe les noms vernaculaires et les noms anglo-saxons. On passera ensuite par les Florida Straits et par Texas Cape pour rejoindre Maqewa et Yanuca.

Rabi (et sa grande voisine Taveuni) sont parmi les rares points du globe qui sont sur l'anti-méridien (avec l'antarctique et le Kamchatka), c'est dire s'il y a beaucoup d'eau dans le Pacifique. Donc on peut y avoir un pied aujourd'hui et un pied demain (ou hier)

On trouvera le lendemain un excellent mouillage dans Albert Cove au nord de l'ile, baie habitée juste par Tapita et Matthew (encore un mélange des genres) qui nous emmèneront dans leur plantation de Kava, une heure et demie de marche quand même sans qu'on ait vraiment compris pourquoi on ne les plante pas plus près de la plage.

Au fait le kava, c'est une racine que l'on boit comme une décoction, qui a un gout de merde et une consistance un peu café turc. Il parait que ça a un effet un peu euphorisant, voire plus mais il faut en prendre une bonne dizaine de lampées, on n'a pas eu le courage, certains moins que d'autres..

Yanuca

De la peine pour y aller (vent fort dans le nez, c'est Volvo qui s'y est collé), mais le nom de cet atoll et sa configuration sur la carte nous faisaient rêver : "Ringgold Isles", moins d'une dizaine de petites îles perdues dans un lagon, et une petite centaine d'habitants.

En fait de lagon, on est presque en pleine mer, et on aura du mal à trouver un mouillage le moins rouleur possible, et un peu abrité du vent. Ce sera sous le vent de l'île Maqewa, l'île la plus à l'Ouest, mais impossible de débarquer en raison des nombreux coraux qui débordent la plage. En contrepartie le snorkeking y est intéressant, avec des coraux magnifiques et très peu profonds.

On ira finalement au village de Yanuca à mi-marée montante, et l'on procèdera aux civilités un peu formelles avec Willie, le fils du chef. Accueil sympa (avec un bon thé) dans un village bien entretenu avec des belles petites maisons en bois peintes aux couleurs plutôt pastel. On n'y reste qu'une nuit, le matin en partant on ira jeter un coup d'oeil au "blue hole" (ancien cratère rempli d'eau de mer) en faisant le tour de l'île de Cobia au nord de l'atoll.


Matangi

 


Tiens on a fait de la voile pour arriver ici...mais on a dû tirer des bords, pas de voile pépère ces temps ci.

Autre lieu, autres moeurs. Matangi, ou Matagi sur les cartes OpenCpn, est une ile privée qui appartient à la famille de Christene. Ses arrières grands parents sont arrivés ici, chassés d'irlande et d'écosse par la misère, autour de 1880. Donc c'est vraiment chez elle qu'elle a construit un petit bijou d'une dizaine de bungalows, un resort comme on dit par ici. 900 euros par jour quand même.

Nous on est mouillé dans la baie du fer à cheval (Horseshoe bay) de l'autre côté de l'ile, rien que pour nous et Meccetroy, Diego et Marina. C'est Diego qui fera les photos avec le drone. C'est très bien protégé, mais les patates profondes font chanter la chaine, pas terrible quand on dort à l'avant dans un bateau alu. Du coup on expérimentera la nuit suivante la technique tuamotuienne d'attacher des pare-battages à 20 et 30 mètres de chaine. C'est parfait pour le bruit même si c'est un peu chiant à remonter une fois que le pare-battage a bien tortillonné autour de la chaine. A réfléchir pour faire mieux la prochaine fois.

La aussi la végétation est reine et il nous faudra une heure et demie pour rallier à pied le resort, accueillis par Christene, plus que charmante, qui nous autorise à rester, qui nous fera ramener en speedboat (on se voyait déjà crapahuter de nuit à la lumière des iphones), qui nous organisera la plongée de lendemain avec Wise (sur deux magnifiques récifs plus coralliens les uns que les autres), qui nous laissera profiter du bateau qui emmène les guests à l'aéroport pour faire des courses à Taveuni.


Qamea

Ile toute proche de Taveuni, et because of the meteo qui nous encourage à partir de suite encore un peu plus loin vers l'Est (vent faible annoncé), on ne s'y arrêtera qu'à un seul endroit, la baie de Naiviivi.

Ce n'est pas un bon spot pour le snorkeling, mais la baie est jolie avec 4 à 5 villages répartis essentiellement sur le bord sud de la baie. Sevusevu avec le chef du village Moses et sa femme, on ne boit pas, on papote juste, à propos des écoles et de leur économie de subsistence par exemple, c'est sympathique. Pas moyen de monter sur les collines entourant la baie, dommage, on fera juste une balade à pied sur le bord nord de la baie, avec une reprise de dinghy mémorable au retour. On avait accosté à mi-marée descendante, et l'on peinera beaucoup, obligés de marcher dans de la boue qui nous arrive au moins jusqu'aux genous pour réussir à faire flotter à nouveau le dinghy, et un grand merci à Julie et Grace pour leur aide.

Pas mal de pêcheurs, dont des femmes pêcheuses de petits poissons dans la baie sur leur petit radeau de bambou, leur radeau est peu performant en vitesse et confort mais il est très "authentique".


Vanua Balavu

C'était un objectif, on a attendu que le vent du sud-est se calme mais on a quand même fait du moteur contre un vent faible et contraire. 


Vanua Balavu, c'est le groupe reculé des Lau, peu fréquenté par les touristes et même par les voiliers vu qu'il faut d'abord aller faire sa clearance sur l'une des deux grandes iles... Sauf pour l'ARC, le rallye autour du monde, fort de ses trente bateaux qui font s'y déplacer les autorités. Ils étaient là la semaine dernière on a sagement attendu qu'ils s'en aillent. Vanua Balavu c'est une dizaine de super mouillages/villages, on en fera que trois, un peu pressés qu'on est de retrouver Morgane à Kadavu dans le sud.

1. Bay of islands et ses structures karstiques (la culture, c'est comme la confiture...) qui ressemblent à la baie d'Ha long qu'on ne connait pas. Un dédale de pitons rocheux couverts de végétation avec, entre les pitons, de l'eau verte en hauteur suffisante pour Orionde. Un mouillage pour nous tout seuls immortalisé par le drone, drone qui a bien failli se crasher au retour sur le bateau. Le c... il s'est pris un hauban tout seul et a atterri sans douceur. Yves a une grosse marge de progression et jure qu'il fera ses prochaines armes en partant de la plage.
Le site est vraiment très joli et on y reviendra la lendemain soir et  même si on le partage alors avec d'autres, les bières et les jokes avec Ross et Chris sur Sula compensent.




2. Daliconi, le village auquel "appartient" la baie des iles et au chef duquel il faut demander (moyennant un demi-kilo de kava) l'autorisation d'y mettre l'ancre ou le pied. Hé oui dans la tradition fidjienne les coraux jouxtant le village lui appartiennent (au village, pas au chef). Le gouvernement essaye de changer doucement les choses mais pour le moment, sevusevu (voir plus haut pour ceux qui auraient déjà oublié).
On va en camion à Lomaloma le grand village de l'ile, camion que l'on partage avec des sacs de cocos, d'ignames, de poissons mal congelés et des chèvres vivantes que l'on va embarquer dans le mini cargo qui s'est amarré au wharf de Lomaloma. Et là, c'est Avancée vers le passé 2, on se croirait presque au cap vert en 1977. On décharge et on charge à la main. A quatre il faut une sacrée technique et une sacrée pêche pour monter ou descendre un fût de 200 litres de gasoil même si c'est un poil plus léger que l'eau.





3. Malaka, c'est la baie d'a-côté moins courue, avec un couple fidjo-suissesse qui s'y est réinstallé après 20 ans en Suisse ! Mais la vie est sans doute plus facile pour elle ici que pour lui chez nous. Sympas Liesa et Sylvia, on les a rencontré à Lomaloma et on passera quelques moments avec eux. Ils ont ouvert une petite boutique pour les 120 habitants de Malaka qui viennent y acheter un litre de kérosène, un paquet de crakers, ou quelques tampons... On dirait qu'à 63 ans, Sylvia peut enfin jouer à la marchande dans sa boutique (en fait son arrière-cuisine) de 4 mètres carrés.

Et puis zou, on part pour 180 milles direction Kadavu et le "Great Astrolabe Reef". Rien que le nom, ça fait rêver et c'est la quatrième plus grande barrière de corail du monde après celle d'Australie et deux autres que tout le monde ignore.

Ono


On y arrive de nuit dans la baie de Nabuwalu, une fois n'est pas coutume .... vers 21heures, et c'est bien parce qu'il y a nos amis de Morgane qui nous y attendent. Et on aura deux jours de temps à peu près calme pour profiter de cette île et de ses belles côtes.

Après le sevusevu "rapidos" car c'est 8h du mat, direction la côte NE d'abord, où l'on espère pouvoir voir les raies mantas, et bingo, gagné, juste à l'endroit où elles devaient être, on les trouve (!), et on snorkele à côté d'elles pendant un bon quart d'heure. C'est tellement majestueux ces bestioles, c'est fantastique. Pas d'appareil (cassé puis perdu à Wallis), pas de photo mais on y met celles de Maupiti, on ne s'en lasse pas.



L'après-midi on va sur la plage de cette île Vurolevu où doit se tourner le feuilleton tv français "survivors", donc les noix de coco ont été planquées, et les fidjiens qui gardent le matériel se bidonnent à l'idée de comment vont faire ces jeunes niais pour attrapper du poisson rien qu'avec leurs mains par exemple.

Deuxième mouillage dans la grande baie de Naqara, ou Nord, là où il y a l'école. Les gamins y rentrent le dimanche soir, car elle est loin du village, et ils en repartent le vendredi soir de façon à pouvoir passer le WE chez eux. On tentera nous le chemin à pied de Nabuwala à Naqara, plus d'une heure et demi, et la nuit qui va tomber nous engage à faire demi-tour depuis la crête avant de joindre Naqara, d'autant que le bon chemin n'est pas facile à trouver.


Kadavu








Une grande ile, pleine de mouillages, mais pleine de vent et de pluie aussi , on y passe une semaine, à attendre que cela se calme, à se balader au sommet sous une pluie battante, à snorkeler et pêcher sur quelques patates, à faire des bouffes et des apéros avec Morgane. Dommage de ne pas pouvoir y faire quelques plongées, c'est paraît-il un des meilleurs spots des fidji voire du Pacifique Ouest.
Quelques instantanés de Kadavu :
  • Les canettes de woodstock (mélange infâme de bourbon et de cola) qui jonchent la plage devant le village de Vunisea, jamais vu ça ailleurs aux Fidji. Mais que fait le chef de village.
  • L'avion hebdomadaire qui vient de Suva une fois par semaine et qui fait deux passages bien agités au dessus de la piste avant de renoncer et moi qui voulait faire une video de crash aérien, dommage.
  • Les olives, jolis coquillages brillants dont on se souvenait depuis les Chagos (1984) qu'on les ramasse à marée basse au bout de leur petit cheminement sous le sable .
  • Le chef ou plutôt son remplaçant à Kavala avec qui on a bu quelques kavas bien sympathiques.
  • Les mille personnes (au moins) qui samedi dernier ont assisté, et nous aussi, aux match de rugby à sept de toutes les écoles de l'ile, venues à Vunisea qui en bateau, qui en truck, qui à pied.
  • Le Great Astrolabe Reef, qu'on aura vu briser de loin mais sur lequel on n'aura pas pu aller plonger/snorkeler à cause du vent.
  • Les originales cloches des églises (photo à trouver ci-dessus !) en bois véritable).
  • Le perroquet de Kadavu, braillant et brillant, pas simple à photographier (photo floue ci-dessus !), mais si joli à voir voler.
  • La marque très visible de Keni, cyclone qui a frappé Kandavu il y a deux mois. De nombreux villageois n'ont pas encore reconstruit leur maison et vivent dans des tentes bleues marquées "P.R. China".

Demain, on sera le 3 Juillet, le vent va se calmer et on partira pour Viti Levu.


Dans une semaine, Marine et les enfants arrivent, youpi !!