Maupiti et ses 1200 habitants, un havre de paix et de tranquillité, un lagon bien parsemé de patates mais navigable, pas trop de cata de loc, des gens charmants, des balades, des plongées, des bouffes comme d'hab. Allez, seule petit bémol, le lagon est très fermé et très peu profond et du coup l'eau y est moins claire qu'à Bora-bora.
Maupiti a par référendum, il y a quelques années, refusé de voir se construire des hôtels à la mode boraboresque, il n'y a que quelques pensions sommaires, ce n'est pas nous qui allons leur reprocher.
Et un des charmes discrets de Maupiti est sa connexion internet, faible mais presque continue et gratuite, on n'a jamais eu ça depuis des lustres. Merci la badboy car les copains du voilier d'à côté n'ont, eux, qu'un faible signal vini à se mettre sous la dent ! Donc on peut mettre les photos et un petit baratin en piste presque au jour le jour.
La passe, fingers in the nose
On nous en avait rebattu les oreilles, de la passe de Maupiti, ouverte aux vents dominants, en S avec déferlantes, courants violents, remous et tout le tralala. Même que Yao et Erimus avaient renoncé. Oui, mais eux, c'était en Juillet-Aout pendant la saison du Maramu, ce fort vent du Sud qui lève une houle qui s'oppose au courant sortant et lève un mascaret qui peut être redoutable. Oui mais pour nous, rien de tout cela. Une passe calmissime, un courant inexistant, un zéphyr dans le bon sens, même pas d'adrénaline. On avait bien joué le jeu en partant à 3 heures du mat de Bora pour arriver au petit matin quand le courant est le plus faible.
D'ailleurs, on reviendra mouiller et snorkeler en plein dans la passe quelques jours plus tard.
Deux photos de la dite passe, une prise de loin depuis la montagne et une prise de près avec le drone.
Mais... on ne sait pas ce qu'on trouvera en sortant !!
Les raies manta, enfin !
On en avait marre ! Tout le monde voit des raies manta en Polynésie... sauf nous. Victor nous parlait des trucs gros comme des tables de ping-pong qui lui passaient au-dessus dans la passe de Fakarava, Let it be les voyait gambader autour du bateau à Taiohae, d'autres à Anaho, à Tikehau, à Rangiroa, à Tahaa... et nous bernique, que tchi, rien.
On s'est bien rattrapé. On retourne au petit matin dans la zone, on mouille à côté du chenal, on tournicote en zodiac, on voit un grand splash puis des ombres puis ça y est. On est dans l'eau avec Pal et Aliya, copains de rencontre. Une puis deux raies manta de deux, voire trois bons mètres d'envergure viennent faire des ronds dans l'eau à un mètre sous nous probablement à se faire déparasiter par les petits poissons gourmands. 10 minutes de régal avec des arabesques magnifiques, pas effrayées ni curieuses pour deux sous. Sur les recommandations des locaux, on ne plonge pas dessus, on ne mouille pas Orionde sur leur trajectoire pour ne pas les effrayer et ne pas gâcher ce spectacle qui ravit les quelques visiteurs qui ont eu la bonne idée de mettre Maupiti à leur programme.
Pas de photos, l'appareil était resté à bord, faut nous croire sur parole. Mais on y retournera peut-être, non certainement, avant de repartir.
La montagne, dieu qu'elle est belle
Le point culminant de Maupiti se nomme le Mont Teurufaatiu, et pour y aller ce sont 380 mètres de dénivelé par une douce chaleur. Même si on part tôt le matin, la transpiration est assurée....
Le sentier pour y monter est accessible à tout un chacun, équipé de cordes (grosses et en très bon état) pour les endroits les plus raides. Compter 1 heure à 1 heure 30 pour atteindre le sommet, et une heure pour redescendre. On n'y est pas tout seul, c'est l'une des attractions touristiques principales de l'île, donc les touristes des pensions y vont aussi de bon matin. Rencontre improbable avec Filou, guide de montagne à Crévoux près d'Embrun.
Le coup de sueur en vaut la peine, la vue d'en haut est splendide sur les trois quarts du lagon et sur la passe au Sud. Beaucoup de patates à l'Ouest qui font des mosaïques très belles vues d'en haut, un peu comme aux Gambiers, et pas du tout comme à Mooréa. La descente permet encore de se régaler les yeux, au cas où on regretterait de n'être pas resté plus longtemps à admirer depuis le sommet.
Attention au départ, ne pas prendre les escaliers qui sont "formellement interdit", prendre le chemin bétonné qui monte à gauche juste avant la fontaine, et à la maison blanche (fin du chemin bétonné) bien prendre le sentier sur la gauche derrière la maison blanche et non pas celui qui monte tout droit.
Au retour le coca ou le sprite bien frais sont appréciés à leur juste valeur, ainsi que le poisson cru du snack Tarona.
Langouste, cigale, varo et kaveu
Ah les crustacés, que l'on aime ça ! Et pourtant on lit dans Wikipédia "Le homard était encore si commun en Atlantique Nord aux XVIIe et XVIIIe siècles qu'il était considéré comme une nourriture pour les pauvres. Selon les chroniqueurs de l'époque, c'était même l'aliment offert gratuitement aux veuves, orphelins, fonctionnaires et prisonniers." (on notera la classe sociale des fonctionnaires à l'époque !!)
Les langoustes, c'est connu et commun, passons. Avouons-le, on les ramasse plutôt souvent dans les mains des polynésiens de rencontre que directement sur le platier du récif, à marée basse les nuits sans lune.A la plancha ou effilochées à la cubaine, on s'en goinfre volontiers.
Les cigales c'est plus rare, plutôt plus petit et aussi bon mais pas de pattes et de pinces à sucer à l'apéro.
Les Kaveu ce sont les crabes de cocotier, à la pince redoutable. On en trouve des petits, qui font la taille d'une grande main et des grands, alors c'est la pince qui fait la taille de la grande main. On les attrape la nuit sur les motu en mettant des noix de coco ouvertes bien attachées et en revenant quelques heures plus tard. On en avait mangé pas mal aux Tuamotu, ici ce n'est pas encore fait mais il y en a et on compte bien y aller. Nous, c'est de loin ceux que l'on préfère.
Les varo c'est un peu l'ortolan de Polynésie. Il parait qu'en français on dit squille, jamais entendu parlé. C'est comme une langoustine sans pince et toute blanche donc c'est pas du tout comme une langoustine. Ahuura nous en a ramené une demi-douzaine mai on était six, alors on avait juste de quoi dire qu'on en avait mangé. On les attrape à la sortie de leur trou dans le sable avec un hameçon pour calamar.
La politique, comme partout
Dans quinze jours, ce sont les élections pour l'assemblée polynésienne. La campagne bat son plein même dans le petit village de Maupiti. Ici on ne cache pas son appartenance politique et quasi toutes les maisons arborent le drapeau de leur champion. On voit donc le rouge du sortant Edouard Fritch, le bleu de l'indépendantiste Oscar Temaru, le orange de la marionnette de l'inéligible dinosaure Gaston Flosse.
On assiste au meeting de Fritch le rouge (bien qu'il soit plutôt bleu dans notre imagerie métropolitaine), pas un mot de français, Evens essayait bien de traduire mais sans grand succès. Du coup, c'est comme à l'église, on a le contenant avec la jovialité des polynésiens et pas le contenu, plutôt populiste pour ce qu'on en sait. Mais le lendemain on se régalera au banquet polynésien.
Quelques figures de Maupiti
On reconnaitra dans le désordre:
Imiau, Meggy, Evens, Alma, Vaianna, Gustavo, Edouard.
Gustavo, qui ne nous lâche plus, qui voudrait faire le plein d'eau tous les jours, qui devient un expert de la conduite du dinghy.
Vaiana, qui n'a pas la sveltesse de son homonyme princesse et exploratrice et qui te transfère des litres de sueur quand elle t'embrasse à toute heure de la journée mais dont la gentillesse est aussi large que son tour de taille
Edouard, en caleçon et en campagne, grâce auquel on a eu droit à un mémorable maa tahiti (ou four polynésien) pour fêter son meeting électoral.
Alma, qui hésite entre la religion mormone et la protestante, et qui y chante divinement.
Evens, le copain de tous les jours, toujours prêt pour une blague, une bière ou un service.
Imiau, qui célèbre son sixième anniversaire avec une immense couronne que lui a tressé Vaiana sa grand-mère.
Meggy, le ou la réré (ou raerae), spécialiste de la confection des chapeaux, championne aux percussions à deux cuillères, qui danse le tamouré bien mieux que d'autres.
Et on laissera le tirage photo du montage, qui leur fait autant plaisir à eux que les colliers de coquillages à nous.