Escales brésiliennes

Cette fois-ci, pas de photos dans le texte. Voir https://picasaweb.google.com/yves.baulac/GalinhosLencoisSoure
 

Orionde à Galinhos

Du 16 au 19 Février Orionde et son équipage ont fréquenté ce petit paradis sur terre, dont le nom évoque le petit poisson Saint Pierre (peixe galo en brésilien).

Arrivés en fin de matinée mardi, c'est là que Henrique et Lise ont fait leur valise pour passer quelques jours à Natal avant de regagner leur nouvel appartement à Porto Alegre.  Après une visite de courtoisie à BabyGlaz, autre voilier français perdu dans ce petit paradis, une visite à la pousada Araturu face au mouillage d'Orionde nous permettra de disposer durant les trois jours de cette escale du wifi à bord, c'est le grand luxe, cela faisait bien longtemps que cela ne nous était pas arrivé ! En plus d'être charmante la tenancière de la pousada nous avait offert son café & biscuits. Le soir les Oliviers de Babosso viennent partager notre poisson acheté l'après-midi même aux pêcheurs, et refaire le monde tout en nous racontant les charmes et mérites de son métier dans la finance (Olivier 1).

Mercredi après-midi nous voilà partis à la découverte des environs de Galinhos, marche agréable par le bras de mer intérieur, en compagnie des chèvres au début puis le long de la mangrove, vaec beaucoup de coquilles vides de coques. On monte sur la dune d'où l'on voit bien le mouillage, le trapiche qui rejoint la BR en face et les salines vers l'Est. Après une heure et demi on atteint Galo, guarana bien fraîche oblige, ce village avec ses nombreux puits est en fait beaucoup plus petit (500 hab environ) que Galinhos (3000 hab environ). Mais il semble que c'est là qu'on trouve le meilleur restaurant du coin, chez dona Irène. Le retour vers Galinhos se fait par la plage face au large, peu de monde, des kite surfs au loin vers le phare.

Jeudi matin tôt c'est l'aventure, malgré la déception de Yves qui avait envie de conduire lui-même un buggy dans le sable (nostalgie du Sahara ?), Junio nous emmène faire un tour avec son buggy. Junio est né à Galinhos, il a passé sa jeunesse à Natal, puis est revenu vivre avec sa mère ici. Il s'y est marié, avec la patronne du mercadinho Melo, deux enfants à ce jour, et il nous a beaucoup chanté les douceurs de vivre à Galinhos. En plus d'être un lieu touristique assez fréquenté (pour sa plage notamment), avec des jolis bateaux qui font l'aller-retour route BR-Galinhos 60 à 80 fois par jour, c'est un spot réputé pour le kite surf.  Junio était kite surfiste au début, puis instructeur de kite surf, et s'est finalement converti en guide pour buggy. Depuis quelques années ils ont créé une association des buggistes de Galinhos, de façon à pouvoir gérer au mieux les problèmes de sécurité (accidents) et de pannes (coût des réparations et du renouvellement de buggy). Il aime beaucoup ce petit paradis mer-lagune, où chacun prend son temps, avec peu de contrainte, une vie simple et facile. Son opinion sur les responsables municipaux n'est pas bonne du tout, elle rejoint celle de Henrique à propos des responsables politiques brésiliens, mais cette corruption n'entame pas sa bonne humeur. Au bout d'une demi-heure nous nous réfugions prendre un café à la pousada de la plage, puis c'est reparti pour Galo via la plage (où les tortues sont nombreuses et même surveillées régulièrement), puis Capim via les dunes, avec son champ d'éoliennes. Grâce à la mobilisation de quelques citoyens de Galinhos et Galo, ils ont réussi à empêcher le promoteur des éoliennes à les implanter trop près de ces deux villages. Les salines fonctionnent toujours, avec seulement 6 à 7 personnes y travaillant tous les jours. L'électricité arrive à Galo en traversant sur pylônes les deux bras de mer qui y conduisent, et c'est grâce à cette info donnée par Junio qu'Orionde a évité le pire, c'est à dire d'y heurter son mât, car nous avions projeté d'aller mouiller devant le village de Galo le lendemain. Au retour on achète à Galo un kilo de coques décortiquées congelées, ce sont comme les berbigoes achetés aux Açores (il nous en reste), et un kilo ça fait beaucoup, on en donne la moitié à Baby Glaz.

Junio était très bavard, et c'est lui qui nous a appris aussi que si Baby Glaz a eu la malchance de se faire contrôler par les autorités maritimes (avec aller-retour imposé sur Natal), c'est parce qu'il était là au moment du carnaval, et qu'à cette période les autorités viennent contrôler les bateaux navettes et leur nombre de passagers. Visite l'après-midi à la pousada Amagali (couple belgo-brésilien heureux de vivre là), pousada qui marche bien avec sa vingtaine de chambres dont la moitié est occupée en cette période de fin de vacances scolaires.

Vendredi matin, Orionde se prépare à nouveau pour prendre la mer, dernières photos sont prises de ces très jolis bateaux qui font la navette avec la BR.

Lencois

Arrivés à Lençois mardi 23/02 en milieu de journée, on est tout de suite très bien accueillis par Yovo à côté desquels on mouille. A notre droite très belle dune, à notre gauche la mangrove. On voit bien le village de Bate vento (île de Maiau) derrière nous et on aperçoit tout juste celui de Lençois devant, seulement quand la marée est haute. Lençois ça veut dire "drap" en portugais, ce nom évoque l'aspect général de ces dunes de sable couleur générale ocre clair, avec toutes les nuances allant du blanc crème au gris, le gris étant dû à une fine poussière noire faisant des auréoles au gré des caprices du vent ou de la pluie. On peut même trouver de l'eau dans les creux de ces dunes. Certaines ont une bonne pente, amusante à escalader, d'autres moins moins. Ce qui fascine surtout ce sont les impressions de drapés type rideau de théâtre ou jeté de tissu tous plus variés les uns que les autres avec le liseré gris qui en souligne les bordures plus resserrées.  L'après-midi une ballade en haut des  dunes  nous offre une vision de  toute l'île de Lençois, avec son village (300 hab) et ses trois éoliennes, ainsi que la vision du large et de ses bancs de sable.

Le lendemain c'est au  village de derrière nous  (île de Maiau appelée aussi  Batevento), que nous allons, à marée haute pour ne pas avoir à marcher dans une  vase bien visqueuse et glissante. On y fait quelques emplettes, notamment les bolachas salés soufflés petits et tout ronds (très bien comme nourriture de quart), et puis aussi quelques  tomates, patates, et des bananes. Pour le pain, il faudrait y revenir l'après-midi, on fera l'impasse, c'est Yves qui fera le boulanger. Ensuite ce sera une ballade à la pointe Nord de l'île de Lençois pour tenter de voir plus d'oiseaux, ce ne sera pas le cas. Mais les paysages sont beaux, mangrove desséchées et bancs de sable, on est à marée basse. Aux deux endroits l'instituteur nous aura permis la  visiter de son école, beaux bâtiments en dur, l'une avec son sol déjà un peu défraîchi (alors qu'il n'a que 10 ans), et l'autre avec sa "bcd" dans une mezzanine à laquelle on accède par une échelle de meunier. Le soir c'est repas entre yachties avec Jacky et Monique (de Baseli), François et Francine (de Yovo), sur Orionde. Chacun a préparé quelque chose: crevettes, pois cassés au jambon, oeufs au lait en dessert. Ce fut un bon moment.

On fera aussi une longue balade vers la pointe Sud de Lençois, ballade qui commence par une traversée des dunes en hauteur, puis redescente  sur la côte Est de l'île, pour ensuite longer la plage jusqu'aux petites cabanes en paille que l'on avait vues en rentrant dans le chenal et qui sont habitées par quelques familles de pêcheurs d'Apicum Açu (petite "ville" à trois heures de moteur de là). Ces pêcheurs nous montrent comment, en creusant le sable sur 80 cm de profondeur seulement, ils trouvent facilement de l'eau, plutôt claire et potable. Ils nous font visiter leur campement, ils y séjournent à tiers temps environ, et plus souvent encore pendant les vacances scolaires. Ils nous offrent des crevettes séchées, avec un peu de farofa, nous faisons beaucoup de photos d'eux, ils seront ravis de les recevoir en cadeau le lendemain. Belle rencontre avec ces habitants du bout de l'île !

Petit à petit on se retrouve le seul voilier au mouillage, alors qu'il y en avait cinq quand on est arrivés, tous venant de Jacaré. C'est alors une journée un peu morose avec une météo dégueulasse, et une  ballade en dinghie, écourtée en raison d' un épisode de chauffe du moteur hors-bord. Pour se réconforter on se regarde le Festin de Babette en film en fin de journée, on s'attendait plus à une comédie, donc ça fait bizarre mais c'est pas mal quand même.

Le dernier jour, après un ménage intérieur soigneux, une dernière ballade au village de Lençois, nous permet de faire la connaissance de Vanderson , pêcheur local 29 ans, on commence par boire des bières avec lui à l'épicerie tout en mangeant des bolachas soufflés ronds. Puis il vient déjeuner avec nous sur Orionde et nous raconte un peu sa vie et celle de sa famille, tout en nous posant beaucoup de questions sur comment on navigue avec Orionde, il est très curieux de tout. Il gère un bateau qui va pêcher un peu au large, qui reste parfois 8 jours en mer, et il donne la moitié de la recette de sa pêche au propriétaire du bateau. Cet échange fut fort sympathique, dommage que l'on ne se soit connus que le dernier jour .... il nous offre son porte bonheur et il repart avec des photos, des médicaments contre le mal de mer et un petit livre de gommettes pour sa fille Julia (6 ans).

Soure


On prononce comme si ça s'écrivait "sore" en brésilien. C'est sur l'île de Marajo, à l'entrée de l'Amazone, c'est grand, un peu plus de 20000 hab, avec des rues quadrillées comme à New York (il parait que c'est le même urbaniste que celui qui a créé Belo Horizonte) qui se comptent en "rua" et en "travessa". Quand on y arrive le mercredi 2 Mars  Jacques et Odile de Thira sont toujours là, on passe une bonne soirée ensemble avant qu'ils s'en aillent eux pour Cayenne le lendemain, ils nous donnent pas mal d'informations sur les attraits touristiques de Soure et sur les formalités administratives à faire à Belem.
Tout le monde circule en vélo, les rues sont très larges, mal entretenues mais  une rangée de très beaux manguiers au milieu, et y a de la place pour tout le monde, les vélos, et pour aussi quelques voitures, les buffles et les chevaux en liberté. La nuit le mouillage se remplit de bateaux de pêche venant se reposer quelques ou plusieurs heures. Les pêcheurs restent à bord, mangent et dorment sur leur bateau avant de reprendre la mer dans la nuit ou au petit matin. Pas mal d'oiseaux, des petits au corps bien jaune, un très particulier avec une seule plume très rouge sur l'arrière, des vautours (ou ça y ressemble) aussi, mais peu de guaras. Malheureusement pour nous il semble qu'il y en ait beaucoup plus à la saison sèche. On louera des vélos un jour, ce qui nous permet de sillonner la ville (bien étalée), de porter notre linge à la pousada de Thierry, et d'aller faire la balade de la plage située un peu au nord sur le rio Para.




 

Il pleut. Il pleut comme il sait pleuvoir dans cette zone intertropicale. Il a tellement plu cette nuit que l'annexe sur ses bossoirs était archipleine ce matin vu qu'on avait oublié d'ouvrir la vidange.
On part demain à l'aube... même s'il pleut. Ceci dit on aura eu de la chance pour notre petite semaine d'escale ici, il a fait un temps plus que correct jusqu'à hier.

La ville est dessinée à l'américaine, un quadrillage d'une dizaine de "ruas" et d'une vingtaine de" travessas", sans doute encore plus plat que Grenoble, mais sans montagnes environnantes donc encore plus difficile pour certain d'entre nous de s'y repérer.  A pied on fait vite des kilomètres, mais on peut louer des vélos. Des vélos il y en a d'ailleurs quelques milliers en ville avec quand même quelques centaines de motos et quelques dizaines de voitures.

On retiendra :
Le steak de filet de buffle, une merveille de gout et de tendresse à condition d'arriver à se le faire cuire saignant ce qui n'est pas simple au Brésil, les gens n'aimant que la viande bien maronnasse.

La remontée du rio Paracauari avec Harold, notre guide qui y a pêché pendant des années. Quelques méandres, quelques bancs de sable avant d'être bloqué quelques heures plus tard par un fil électrique devant le village de Mangueira, bien perdu au milieu de l'ile de Marajó.

La balade dans la fazenda du coin avec buffles, oiseaux, caïmans (bien loin de nous quand même) et la balade en vélo sur la longue longue passerelle en bois qui permet de "rouler" au-dessus de la mangrove.

La virée à Belém pour faire les papiers de sortie du pays, pensum qui s'est beaucoup mieux passé que prévu : départ 5h en bac/bus, bateau à 6h30, Belém à 9h30, formalités terminées à 11h00, quelques heures dans l'immense marché de "Ver o peso" et sur le port de pêche vraiment pas ragoutant avec animaux morts et autres détritus que flottent dans le rio, et on est de retour sur Orionde à 19h00 (c'est Raimondo qui était content, lui qu'on avait payé pour garder le bateau jusqu'au lendemain).