Une douzaine de souvenirs des Açores


Voici une douzaine de souvenirs sans ordre, ni chronologique ni autre.

Le tour de Santa Maria avec Ioannis.
 Ioannis est arrivé il y a deux ans en bateau et, comme plein d'autres est tombé sous le charme des Açores et a décidé de rester. Encore fallait-il trouver une occupation surtout qu'il est plutôt dans la catégorie jeune père que dans la catégorie préretraité. Alors il a monté un projet de refuges le long du sentier qui fait le tour de la petite ile de Santa Maria en quatre jours. De mignons petit refuges mitonnés à partir de vielles granges en pierre de lave. Il nous a fait faire le tour du propriétaire dans son 4x4 poussif. C'est très joli mais cela va-t-il être un poil rentable ? Encore heureux qu'il y ait l'Europe pour lui financer la moitié du projet.


Les spécialités culinaires locales
... sans qu'on sache bien si la spécialité est açoréenne ou portugaise : l'alcatra (de la viande en daube bien grasse et vineuse), les lapas (chapeaux chinois bien bons quand on leur verse dessus une sauce au beurre ou à la crème et à l'ail et qu'on leur chauffe le derrière une minute à la poêle), le bacalhau (morue salée séchée) et ses innombrables accommodations (na telha, com natas, alla portuguesa, grelhada, etc.), le polvo (poulpe) grelhado (plus rare, hein Eric !), le pinto marrecco (un poulet poussin ouvert à plat et grillé que j'ai encore les papilles qui s'en souviennent) sans oublier les queijadas (gateaux) de Graciosa, de Vila Franca et autres Dona Amélia.


Les oiseaux piailleurs de Sao Jorge
On les appelle des cagarros ou des garajaus en portugais, des puffins, des sternes ou des pétrels en français, je ne sais pas bien et je ne suis pas piafologue. La falaise juste derrière la marina de Sao Jorge en est truffée. Un peu après le coucher du soleil ils se mettent à voler (déjà c'est bizarre pour des oiseux de jour) et à chanter/hurler/piailler peut-être pour se repérer dans les nombreux nids ou peut-être pour le plaisir, je répète je ne suis pas piafologue. Le bruit est assourdissant et surprenant, on trouve plein d'enregistrement sur Internet.

La caldeira de Horta

Huit km autour du cratère vert de 500 mètres de profondeur, un sentier idéal qui monte et descend à peine, des haies d'hortensias pour cacher le vide, une vue magnifique sur le Pico, Eric qui nous fait des cours de géologie, promenade idéale, à faire et à refaire.




Les hortensias
Des bleus clairs, des bleus foncés, des blancs, des roses il y en a partout partout partout. Encore en boutons quand on est arrivés début Juin, ils se fanent à la fin Aout, ce sera un peu juste pour Pascale. Tous les jours, la phrase rituelle "T'as vu les hortensias ? C'est dingue, on n'en a jamais vu autant !" Cela sert de délimitation aux prés à vaches quand les cailloux manquent, il y en a le long des routes et dans les jardins, il y en a le long des sentiers un peu vertigineux. Il paraît que cela se bouture et se conserve quelque temps dans des bouteilles plastiques. Agnès et Sylvie essayent. On verra si  Pierrefeu et Grenoble se couvrent d'hortensias dans les prochaines années.

Les belles rencontres
Yalda, avec Agnès et Marcel à l'accent chantant et à la bonne humeur communicative (et qui avait les mêmes assiettes que nous sur Shieldaig il y a 35 ans !). Pendant quelques jours, on ne s'est pas quitté et on a péché des lapas et des perroquets, bu des caipirinha et du vin blanc de biscoitos, mangé de la daube de sanglier et du fromage de Sao Jorge, arpenté Vélas et Ponta Delgada, refait en grande partie le monde. On se reverra. Rainer, sur G Tonga II en acier qui a 70 ans passés (Rainer, pas le bateau) qu'on a croisé plusieurs fois sur différentes iles et qui surtout nous a raconté son pacifique à 25 ans (Ah les vahinés !). Et bien sûr tous les autres yachties et voisins de ponton. Et Ivo et Vanda, trentenaires açoréens, rencontrés dans une tasca (traduction = boui-boui) avec qui on passe de grands moments (mais qu'est-ce qu'il parle vite, on en sort épuisés) et qui nous invite à voir la tourada (voir ci-dessous) depuis la maison de leur (belle) mère. Et bien sûr tous les açoréens rencontrés dans les ports, les magasins, les rues, les montagnes, aussi gentils et accueillants qu'on le dit, et ravis de nous entendre parler portugais (mais aux plus de 50 ans on ne dit pas qu'on l'a appris au Mozambique car ils y ont souvent fait la guerre)

Les fajãs (prononcer fa-janche)
Ce sont des excroissances d'iles volcaniques, soit détritiques soit laviques, des zones de quelques km2 plus ou moins plates, coincées entre mer et falaises. Difficiles d'accès pour certaines, ce sont des balades d'anthologie. Il y en a une soixantaine sur l'ile de Sap Jorge. Dans la fajã d'Alem, on nous a fait boire du vin local de chez local, le raisin pousse dans de minuscules enclos de pierres noires qui réchauffent la vigne, le vin est fait sur place.... et il est bu sur place aussi, il faudrait le remonter à pied et ça donne soif rien que de l'envisager !!


Les mosaïques sur les trottoirs

Ils sont forts, ces portugais. Avec quelques cailloux blancs et des monceaux de pavé de lave noire, ils font des trottoirs une oeuvre d'art : des bateaux à voile, des galions, des cargos, des vagues, des phares, des ondulations, des frises, des rosaces, des scènes champêtres, des cachalots, des poissons, on trouve tout ça sur les trottoirs de Horta, Velas, Angra ou Vila do Porto.




Les plages
avec Nina et Malo bien sûr. La plage des Moinhos (avec sa petite rivière pour patauger, c'était génial, hein Malo !), celle de Vila Franca do campo avec ses cailloux qui flottent dans le seau (pleines de bulles d'air qu'elle sont), celle d'Angra (avec son sable noir noir qui brûle les pieds), celles de Praia da Vitoria (idéales pour jouer aux poney avec les copines, hein Nina !), celle de Santa Maria (2 heures de marche, heureusement qu'on n'y est pas allé avec les enfants), les piscines naturelles comme celle de Biscoitos (en béton mais si pittoresque au milieu de la lave), et toutes avec une douche (c'était pas génial, hein Malo !)



Le peintre d'Angra

pour l'anniversaire de Christine, à Angra do Heroismo, on part à la recherche d'une aquarelle locale et on termine chez le peintre dans sa magnifique maison ornée de magnifiques bougainvilliers, à boire un café accompagné de délicieux "Dona Amalia", ces gâteaux (queijadas) à la mélasse et à la cannelle que sa femme fabrique pour la boulangère. On repartira avec un paquet de gâteaux et une aquarelle de l'église bleue de la Miséricorde barrée des mats des bateaux du port juste devant.

Les Sanjoaninas à Angra (Terceira)

On dit qu'il n'y a pas neuf iles aux Açores, mais huit iles et un parc de divertissements, Terceira. C'est vrai que la fête de la Saint-Jean était belle (pendant huit jours !) avec ses chars, ses filarmonicas (nous on dit "fanfares") surtout celle de San José en Californie (composée d'une cinquantaine d'immigrants en vacances au pays), ses touradas (des taureaux sont baladés dans les rues, excités avec des parapluies et défiés par les jeunes du quartier en mal d'adrénaline), ses marchas (des groupes -  il y en avait 27 ce soir-là - d'une cinquantaine de personnes d'un même quartier ou association ou entreprise qui défilent en costume en exécutant une chorégraphie préparée pendant des semaines), ses groupes folkloriques avec les hommes en chapeau (j'en ai un, de ces chapeau, tralala), qui dansent en rond au son des guitares triangulaires dont je ne sais pas le nom.


 Le bébé dauphin

Les yeux émerveillés de Nina quand elle a vu, à deux mètres du bateau et sous une surface d'huile, une maman dauphin et son petit qui déambulaient. J'espère que son souvenir ne sera pas étouffé par le mal de mer qui a suivi. Mais on n'a pas eu le temps de faire de photo.



  

 L'ascension du Pico et du Picinho

On le voit depuis toutes les iles du groupe central. Il a une forme caractéristique, un petit volcan de 50 mètres a poussé, un poil décentré,  au milieu du cratère perché à 2300 m depuis 800 000 ans. Longue balade le long des 45 poteaux pour se repérer en cas de brouillard (fréquent mais pas ce jour-là), un pèlerinage dans la grotte qui nous avait abrité il y a 38 ans lors de notre première ascension (en deux jours).