C'est bientôt un nouveau départ, ouf ! 5 mois en Guadeloupe, ça commence à bien faire.
Comme tous les ans il faut repeindre les oeuvres vives, la carène. On appelle donc cette opération un carénage, décrit en détail ci-dessous, un peu pour les néophytes, un peu pour nous rappeler les quantités pour la prochaine fois (ce sera en Polynésie inch'allah), un peu pour le plaisir d'écrire à nouveau dans ce blog.
Le déroulement
Il faut quatre jours à terre, pas mal d'huile de coude, beaucoup d'euros, quelques pointes de stress. Le grutier sera-t-il là ? Arrivera-t-on à rentrer le bateau dans la minuscule darse ? Y aura-t-il assez de peinture ? La météo sera-t-elle avec nous ? Les copains seront-ils bien là ?
J1, vendredi : le bateau est sorti et calé à 9h00. Comme c'est un dériveur, il ne repose pas sur la quille et il est calé de partout avec des tréteaux en dessous et trois étais de chaque côté. Il faudra les nettoyer et les peindre juste avant la remise à l'eau.
Opération nettoyage (karcher et grattoir) il faut quatre heures à deux pour enlever les moules (facile), les chapeaux chinois (plus retors) et la couche verte d'algues collantes (il faut aller très très lentement au Karcher).
J2, samedi : matin, ponçage : le marchand de peinture nous convainc de passer du papier de verre à l'eau plutôt que la ponceuse orbitale et c'est un bon choix. C'est beaucoup plus rapide, 4 heures de boulot là-aussi. Mais bon, la carène n'est du coup pas complètement lisse, les vieilles écailles restent apparentes, ce sera un nid pour les algues à venir.
Aprem, primaire : une couche de peinture grise pour isoler l'ancien antifouling du nouveau. Avec les copains, ça va vite vite. On a mis une heure à quatre.
J3, dimanche : une couche d'antifouling tôt le matin avant que le soleil ne tape trop fort et n'épaississe la peinture. Il faut bien bien bien mélanger cette peinture (5 bonnes minutes à la perceuse électrique avec le bon mélangeur). Cette fois-ci on met du Seajet 038. On s'est laissé convaincre par le marchand de peinture mais c'est sûr qu'on n'était pas convaincu par le précédent antifouling (du Trilux 33) passé en Août dernier à Terceira aux Açores et qui ne remplissait plus du tout son rôle. On verra à l'usage.
Ces antifouling modernes sont très bien pour l'aluminium, très bien pour l'environnement mais pas si toxiques que ça pour les coquillages et les algues. Ils sont auto-polissants ou érodables, ce qui voudrait dire que la végétation et la faune devraient s'éroder en enlevant une micro épaisseur d'antifouling quand le bateau avance. Bon, c'est peut-être vrai pour les bateaux qui vont à 10 noeuds et qui naviguent 300 jours par an, c'est beaucoup plus discutable pour notre pratique.
J4, lundi : une deuxième couche d'antifouling tôt le matin aussi. On est juste tous les deux mais c'est bouclé en deux heures. On n'aura pas bien estimé la quantité et il faut racheter un bidon de 5 litres. Donc 10 litres de seajet038 contre 6,5 lites de trilux33.
On change les 8 anodes (qui en avaient bien besoin). Anode = pièce en zinc qui est supposée faire les frais des courants électrolytiques qui se baladent dans la mer, et donc anodes qui s'usent plutôt que ce soit la coque qui se troue.
On graisse la Kiwi Prop, l'hélice sophistiquée qui se met en drapeau quand le bateau avance pour faire moins de trainée et qui - soi-disant - facilite la marche arrière mais c'est pas génial quand même un ovni 395 en marche arrière.
On répare le coupe-orin qui se baladait le long de l'arbre d'hélice, probablement dérangé par les filets brésiliens (un coupe-orin, c'est un disque très acéré de 10 cm de diamètre, qui est autour de l'arbre d'hélice et qui est censé couper les ficelles qui viendraient malencontreusement se fourvoyer autour de l'hélice).
J5, mardi matin. Le grutier vient remonter le bateau dans les élingues à 11h30, et on a jusqu'à 14 heures pour nettoyer sous les cales et sur la partie haute de la dérive. C'est propre à 12h00, primaire à 12h30, antifouling à 13h00 et 13h30 et le bateau part à l'eau à 14h00
Erreur, on aurait dû mettre des bouts de moquette sur les élingues qui, si elles étaient propres, sont plutôt agressives pour notre nouvel antifouling.
Souci avec la dérive qui ne veut plus descendre, collée par la peinture que pourtant on y a passé avec une parcimonie écossaise. On l'a remontée trop vite sans doute. On se souviendra qu'il faut la manipuler plusieurs fois juste après la remise à l'eau.
Cela nous aura permis de voir où il faut, depuis l'intérieur, démonter les trappes de visite pour accéder au puits de la dérive, comment il faut taper sur la dérive avec une masse pour la faire descendre, et comment il faut être équipé des bons bouts de bois (manche de pioche de 60 cm de haut et de 2, 5 cm de diamètre).
Le matériel
On repart avec le matériel complet pour le prochain carénage, prévu à Tahiti à moins que l'on doive le faire plus tôt aux Gambiers ou aux Marquises (on trouvera bien une grue mais certainement pas de l'antifouling pour bateau en alu).
Il faut, outre force bières ou autre liquide désaltérant:
• 2.5 + 0.75 litres de primaire mono composant (international Primocon)
• 5 + 5 litres antifouling (Seajet 038)
• 1 litre d'acétone
• 2 grattes efficaces
• 10 feuilles de papier de verre à l'eau 80
• 5 disques de 50 pour ponceuse orbitale
• 3 bacs à peinture
• 3 paires de gants réutilisables ou 9 jetables
• 3 charlottes réutilisables ou 9 jetables
• 3 lunettes protectrices de lunettes
• 3 porte-rouleaux
• 9 rouleaux (dits pattes de lapin)
• 1 pinceau "radiateur" pour les zones difficiles d'accès = puits de dérive, safran, hélice
• 6 anodes de safran
• 2 anodes de gouvernail
• de la graisse pour hélice
• 1 Karcher vraiment puissant