A l'assaut du 80e avec Charlotte, Vic et Vico

 Charlotte nous a fait un film magnifique à voir et à revoir sur YouTube ou en meilleure définition


Trois semaines avec Vico (ou Vic), Vic (ou Victor) et Chachoux (ou Charlotte).
 
On aura eu la chance de monter jusqu'au pack, jusqu'aux limites d'Orionde, juste un peu en-dessous du 80e parallèle.
 
De l'eau, de la neige, de la glace, des ours, des rennes, des morses, des phoques, des baleines, des russes, des polonais, des icebergs petits et grands, des glaciers bleus, des glaciers blancs, des gin-tonic, des coups de vent, des coinches endiablées, et plein d'autres choses. 


 

L'album complet ici

 

Les méridiennes

78.75;11.30;le 3 juin, Forlandsundet; Il n'y aura pas de méridiennes enthousiastes à l'intention de tout le monde pendant que Raymond est en train de s'éteindre, j'espère tranquillement. Donc c'est juste pour le tout premier cercle et pour route.php. Nous sommes repartis hier après-midi et, sauf fortune de mer, Orionde ne remettra plus sa dérive à Longyearbyen. Un premier petit tour sur la glace de Borebukta, encore assez solide pour nous supporter. Un premier gin tonic ammarrés à la banquise avec le grappin. Une première nuit très tranquille à Trygghamna. Un premier petitdej plein d'oeufs au bacon avant de commencer la montée vers le nord. Un arrêt royal à la colonie des morses de Poolepynten, très très nombreux cette fois et avec le soleil et les montagnes en arrière plan. Que de photos ! Pas une once de vent, Volvo ronronne. Bisdorionde.

79.55;11.25;le 4 juin, Baie de la Madeleine; Whahoo les montagnes, Whahoo la banquise, Whahoo le soleil, Whahoo les glaciers. Même si on ne peut pas dire "quel beau dimanche", le plaisir des yeux est top. On a couru sur la banquise en sautant de plaques en plaques (merci Charlotte pourt l'exemple), on a fait des photos avec le drone (qu'on a failli perdre corps et bien emporté par le vent), on a changé trois fois de mouillage (houspillé qu'on était par les morceaux de banquise inconséquents dans leurs déplacements). Mais peu ou pas de vent, et donc peu ou pas de risques ni de problèmes. On a fini la nuit près de Annakena et Eric (voir méridiennes patagonniennes de mars 2020). Bisdorionde.


79.79;11.44;le 5 juin, On n'ira pas plus loin; On a tournicoté toute la matinée entre les glaces, pas les petits bouts de banquise fines comme hier mais les gros bouts qui viennent du nord et qui ressemblent à des growlers et qui font au moins un mètre d'épaisseur sous l'eau. On ne pousse pas ces engins. Il n'y a pas de passage pour nous ni d'ailleurs pour les deux autres bateaux qu'on voit à l'AIS. Seuls quelques cruisers montent au 80 ème parallèle. On a trouvé un très bon mouillage, protégé de la glace et du vent. Demain on essayera de nouveau mais il est très probable qu'Orionde ait atteint son max à 79°47,5'. Bisdorionde.

79.83;11.59;le 6 juin, Sallyhamna; Allez, business as usual. Il aurait été content de lire ces mails. Nous, on continue. Faut dire que l'anticyclone posé sur le nord du Spitzberg qui amène pétole et soleil nous incite. Seule la glace vagabonde peut nous jouer des tours. Ce matin au réveil dans notre trou de souris entre les ilots non cartographiés du Fuglefjorden, les deux passes de sortie semblaient bouchées mais après un petit tour en haut de la colline, on a vu que ça le ferait. On joue un peu dans le fjord mais on n'arrive pas à se rapprocher du glacier, on ressort et on voit qu'il y a une voie vers le Nord et Sallyhamna. Go go go. Mouillage, balade en raquettes, drone. Plein de traces d'ours qui doivent dater de quelques jours. Bisdorionde.

79.66;11.03;le 7 juin, Danskoya; Danskoya et Amsterdamoya, hauts lieux de la chasse à la baleine par les hollandais il y a 400 ans. Ca ne devait pas être simple tous les jours. Pas comme nous, tranquilles avec un bon moteur, un bon chauffage, plein de bières et de jeux de société. Ceci dit, ce fut un réveil express à Sallyhamna, la petite baie s'était remplie de grosses plaques pendant qu"on dormait. Pas de stress mais quand même on va pas rester ici jusqu'à l'été. Orionde joue un peu au brise-glace, on pousse sur les côtés, on recule et on recommence et on sort au bout d'une bonne heure. On pensait tester les 80èmes ce matin mais on est un peu refroidis, on redescend. Les zones d'eau bleue derrière les barrières blanches se voient bien depuis les barres de flèche. Et on embouque le fjord de Smeerenburg au fond du quel on a, sous le soleil exactement, le glacier du même nom, avec ses 50 nuances de bleu et ses 50 mètres de mur de glace. Pas un souffle, pas de banquise, juste quelques petits sarrasins et bourguignons, on peut s'approcher tout près, enfin pas trop près quand même. Après la sieste, on repart vers le mouillage de Danskoya exploré ce matin, sera-t-il tranquille ? Bisdorionde.

79.12;11.85;le 8 juin, Fjortendejulibukta; Fjortendejulibukta, Fjortendejulibreen, on comprendra aisément baie ou glacier du 14 juillet.Tout ça parce que le Prince Albert de Monaco est venu faire quelques expé par ici. Le Spitzberg a repris ses teintes grisonnantes. Mais on aura eu dans le nord trois journées grandioses et mémorables. Quelques toutes petites heures de voile ce matin en repassant devant la baie de la Madeleine mais c'est au moteur qu'on finit la nav du jour. Bisdorionde.

79.00;12.10;le 9 juin, Blomstrandhamna; Belle journée dans la baie du roi, le soleil est reviendu l'après-midi. Dand la baie du roi, les es glaciers tombent dans l'eau de tous les cotés. Un glacier blanc pour faire des photos sous voile, un glacier bleu à frôler en annexe, un glacier à admirer en face du mouillage. Il y a quinze jours on ne pouvait pas naviguer par ici, trop de banquise. Aujourd'hui il ne reste que quelques plaques aussi fines qu'une cracotte qui font un joli bruit (de cracotte) quand on passe à travers. Bisdorionde.

78.96;12.04;le 10 juin, London; ou plutôt Ny London, un anglais excentrique ayant essayé d'y exploiter une carrière de marbre, mais ça n'a pas marché. Il reste des cabanes et de la machinerie rouillée ressemblant à une locomotive, classée monument historique qu'on s'est empressé de chevaucher pour la photo de groupe du jour. Côté faune, quelques rennes peu farouches mais surtout un festival de bélugas en partant du mouillage ce matin. Le béluga n'est pas que du caviar, c'est aussi une baleine blanche arctique. Commune parait-il mais c'est la première fois du voyage qu'on en voit. Des dos blances de partout, au début on a dit une dizaine puis quatre douzaines pour finir à les estimer à une bonne centaine. Surprenants, on ne voit presque pas la tête, rarement la queue, juste le souffle et le dos. Voila, on finit la vaisselle et on part à Ny Alesund. Bisdorionde.

78.93;11.94;le 12 juin, Ny Alesund; Il neigeote, 4° dehors, le printemps est en retard cette année nous dit-on. On repart vers le sud et l'Isfjord. On est parti il y a deux heures et on quitte la zone de silence radio (ici on écoute des quasars et on ne veut pas que les signaux faibles soient perturbés par du wifi ou du bluetooth) et on peut envoyer ce mail. Deux nuits au ponton à Alesund, quelle tranquilité, surtout qu'on a eu la bonne place bien à l'abri. Très bon souvenir de cette troisième escale à Ny Alesund. Faut dire qu'on y était je jour d'ouverture du bar et l'ambiance était chaude et les gintonic rafraichissants. Et hier belle et longue balade en raquettes dans un mélange 70% eau 20% neige et 10% terre, quelques bottes mouillées bien sûr. Bisdorionde.

78.03;14.20;le 13 juin, Barentsburg; Redescente sur l'isfjord mitigée, le vent attendu a tardé à venir, alors, c'est moteur sous la neige. Mais il a fini par venir et dégager le ciel pour une arrivée royale avec le soleil de deux heures du mat dans le fjord de Trygghamna récemment reblanchi. La météo dit qu'on a une vingtaine d'heures d'accalmie avant un coup de vent du NordOuest, bien rouge sur les gribs. Quelques heures de sommeil et on profite de la fenêtre pour aller à Barentsburg avec les arrêts classiques, le musée de Barbara, le buste de Lenine, le burger du bistrot, les matriochkas du shop. On apprendra que Barents avait nommé l'archipel Spitzbergen et que les norvégiens, arguant du fait que certaines sagas vikings évoquent une côte gelée, une "svalbard" se sont appropriés les lieux et l'ont renommé. Encore une nuit bien courte, on repartira demain à 4 heures du mat vers notre havre de Trygghamna. Bisdorionde.

78.26;13.74;le 14 Juin, Trygghamna; journée bizarre à écouter peureusement le vent souffler dans les haubans, à imaginer tristement l'enterrement de Raymond à 2000 milles de là, à jouer joyeusement à la coinche pour occuper le temps. Bisdorionde.

77.00;15.66;le 15 juin, Kamavika dans le Hornsund; Partis à 4h30 du matin avec la fin de la dépression, on fera une magnifique journée de nav, 90 milles au portant à 7 noeuds de moyenne. Il a fallu se rappeler comment on mettait le tangon, mais c'est revenu. Il a fallu barrer presque tout le temps (le compas du pilote fait portnawak), mais c'est grisant. à 20 heures, on mouille dans le Hornsund dans la nouvelle baie de Kamavika. Nouvelle parce qu'elle s'est dévoilée il y a une voingtaine d'années avec le retrait du glacier Hans. Bisdorionde.

77.02;16.36;le 16 juin, Ammonitoya dans le Hornsund; Quelle belle journée qui commence avec un ballet de baleines à bosses pas farouches qu'on suit à la trace et au souffle, puis un soleil éclatant (le dernier du voyage peut-être) pour aller jouer avec le glacier de Brepollen. On trouve un gros bout de banquise sur lequel on coince Orionde et on (pas Yves qui se dévoue pour filmer)fait ce qui était prévu, sauter dans l'eau avec les combinaisons de survie, puis on fait ce qui n'était pas prévu, ressauter à l'eau sans combi. Whaoo c'est froid, remontée à l'échelle ou même sans échelle à toute allure. Ensuite quelques magnifiques vidéos d'Orionde vu du drone en train de naviguer entre les glaçons puis en descendant le fjord sous spi. Victor commence à maitriser les atterrissages sur le bateau qui avance, pas si simples. Balade de fin d'après-midi sur la moraine bien boueuse et on tombe nez à nez avec un ours polaire ! Enfin les nez étaient à 300 mètres l'un de l'autre, suffisamment peu pour qu'on se replie prudemment vers l'annexe mais on ne l'intéressait pas plus que ça ! Bisdorionde.

77.00;15.55;le 17 juin, Isbjornhamna dans le Hornsund; Grisaille spitzbergienne aujourd'hui. On retourne vers l'entrée du Hornsund en passant par tous les glaciers et tous les terrains à ours du coin. Quelques jolies photos bleutées. Un arrêt déjeuner dans un mouillage non documenté, qu'on appellera désormais Pizzahamna, va. Ensuite direction la base scientifique polonaise. Visite sympa. Bon ils sont en pleinb changement d'équipe, pas de fiesta du samedi soir. No soucy, on va se débrouiller sans eux. Bisdorionde.

76.93;16.23;le 18 juin, Samarinfjord ; Encore et toujours dans le magnifique Hornsund. Quelques chiffres glanés hier soir à la Polish Polar Station. le glacier Brepollen du fond du Hornsund recule recule de plus en plus vite. Il a reculé de 12 mètres depuis qu'Orionde est au Spitzberg. Et à la base, il y a dix ans ils avaient 60 incursions d'ours par an, cette année c'est 16. Pour nous, c'est le dernier glacier, les derniers zigzags dans la glace, le dernier mouillage au Spitzberg. On voit notre dernier ours, enfin celui que Charlotte a dessiné sur une plaque pour qu'on fasse des essais (inutiles donc) à la carabine et au pistolet d'alarme. On lui en a mis six sur huit à 5,0 mètres ouf (on rappelle que l'ours qui court met 4 secondes pour faire ces 50 mètres) ! On prépare le bateau pour retraverser la mer de Barents. Traversée pas si longue et en deux étapes car on compte bien s'arrêter à Bjornoya, l'ile à l'ours à 170 milles de là. il restera 250 milles jusqu'à Torsvag en Norvège. Bon il paraît que Bjornoya est dans le brouillard 335 jours par ans mais le pire n'est jamais sûr. Bisdorionde.


75.00;18.25;le 19 juin, dans le brouillard ; Quelques heures de voile agréables cette "nuit" mais on est de nouveau au moteur. La météo n'a pas failli. Petole et brouillard elle disait, pétole et brouillard on a. ça coinche, ça sieste, ça coinche, ça mange et ça recommence. On arrivera vers 3 heures du matin à Bjornoya.  Un vent raisonnable devrait se lever du sud-est et peut-être que le mouillage du nord devant la base norvégienne sera correct et peut-être que le vent chassera le brouillard persistant. A suivre. Bisdorionde.

74.37;18.70;le 20 juin, Bjornoya ; Voilà, ciao Bjornoya, un peu cruelle. On est arrivé à trois heures du matin, le brouillard s'est gentiment levé à notre arrivée. On mouille devant Nordhamna, une plage en pente très très douce par 4 mètres de fond à 500m du bord. Fin de nuit et petit-dejeuner puis faut bien se rendre à l'évidence, avec le 25 noeuds de vent qui se sont levés, ce ne serait pas raisonnable de faire 500 mètres en dinghy. On démouille et on essaye Herwighamna en face de la base norvégienne mais c'est un chaudron bouillant, aussitôt rentrés aussitot sortis. Un petit coup de vhf pour se saluer et regretter de ne pas venir et on part vers la côte ouest, sous le vent donsc et on vise le "bon" mouillage de Teltvika, il faut déchanter, il y a une vieille houle d'ouest. On ne mettra pas le pied sur Bjornoya, une petite frustration quand même. On longe la côte et ses falaises impressionnantes, on la longe même lentement car le courant est également impressionnant. A demain. Bisdorionde

72.50;17.90;le 21 juin, Mer de Barents ; Pépères, les gars et garces d'Orionde sur la mer de Barents. 24 heures de près bon plein sans houle depuis Bjornoya avec 20 puis 15 puis 10 noeuds de vent et du soleil. Pas de ciré, pas de chauffage, pas de stress, il n'y a que le compas du pilote qui ne trouve pas le sud et qui continue ses errances. Ce matin grande séance vidéo depuis le drone avec Orionde sous voiles (le décollage et l'atterrissage tout en naviguant n'ont plus de secrets pour Vic et Vic). On a même sorti le joli genaker bleu et blanc pour l'occasion. Grand séchage aussi de tout ce qui moisit dans les coffres depuis Avril... 2022. Bon on va donner Orionde à Georges et Nathalie dans son jus de retour du Spitzberg mais on va quand même le bichonner un peu. Bisdorionde

70.33;19.33;le 22 juin, Norvège ; Tiens, une méridienne à l'heure ! C'est la première et la dernière. En fait c'est la dernière méridienne tout court du joli voyage d'Orionde au Spitzberg. On arrive en Norvège et on sera ce soir à Tromso. Quelle aventure ! On est bien contents d'être venus. Bisdorionde